HENRI VERNES
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— Puisqu’on me parle de la possibilité de prendre un bon<br />
bain, dit-il encore, profitons-en… Sans doute, jusqu’à ce jour,<br />
n’en ai-je jamais eu davantage besoin…<br />
Il poussa une porte s’ouvrant au fond de la pièce et déboucha<br />
dans une salle de bains munie de tout le confort exigé par<br />
l’hygiène moderne, y compris un appareil à masser et un rasoir<br />
électrique. À une patère, des vêtements de toile propres et<br />
soigneusement repassés étaient pendus.<br />
Rapidement, Bob se dépouilla des haillons qui le couvraient<br />
et, après avoir rempli la baignoire, il prit un bain qui lui sembla<br />
être le plus délicieux de toute son existence. Ensuite, il se rasa et<br />
passa les vêtements accrochés à la patère. Il se chaussa de<br />
sandales en matière plastique découvertes près de la baignoire<br />
et, soudain ragaillardi, regagna la pièce voisine.<br />
Là, une nouvelle surprise l’attendait. Sur la table, on avait<br />
disposé un repas substantiel, composé de viande, de légumes,<br />
de fruits, de pain, de vin et de lait. « Il me semble, pensa Bob,<br />
que pour un condamné à mort, je suis plutôt bien traité. À<br />
moins bien sûr que ces mets ne soient empoisonnés… »<br />
Cette dernière pensée ne l’empêcha pas de faire honneur au<br />
repas qui lui était servi. Quand il eut terminé, vidé le lait et le<br />
vin et nettoyé chaque plat, il se renversa dans son fauteuil avec<br />
satisfaction. Il se sentait propre, repu, le fauteuil était<br />
confortable et la pièce délicieusement climatisée. Bref, la vie eût<br />
été belle si les circonstances dans lesquelles il était parvenu à<br />
l’Oasis K n’avaient été aussi tragiques. En outre, une inquiétude<br />
lui demeurait. Qu’allait-on finalement faire de lui ? Assurément,<br />
on ne lui permettrait pas de regagner Alger. Sans se trouver<br />
beaucoup mieux renseigné qu’au début de l’aventure, il en avait<br />
cependant trop vu pour qu’on le laissât libre. Quel sort lui<br />
réservait-on ? Bien qu’il fût aux mains de ses ennemis et que<br />
ceux-ci – ils l’avaient prouvé à de nombreuses reprises – ne<br />
semblent reculer devant aucun crime, Bob considérait l’avenir<br />
sans trop d’effroi. La façon dont on le traitait depuis son arrivée<br />
à l’Oasis K, était un présage plutôt favorable quant aux<br />
intentions des maîtres de cette oasis à son égard. Et, si ces<br />
ablutions et ce repas étaient seulement, dans leur esprit, un<br />
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