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Place de l’occlusion chez l’enfant strabique malvoyant<br />
Occlusion therapy in infantil amblyopia and strabismus<br />
MP DELPLACE<br />
Ophtalmologiste, Service d’ophtalmologie, Unité d’explorations fonctionnelles ophtalmologiques<br />
et de strabologie, Centre Hospitalier Régional Universitaire Bretonneau, 2 Boulevard<br />
Tonnelé, 37044 TOURS cedex<br />
Résumés :<br />
L’occlusion reste le traitement le plus efficace dans la tentative de récupération visuelle.<br />
L’auteur envisage des différentes techniques d’occlusion dans ce contexte en rappelant la<br />
nécessité d’un bilan ophtalmologique complet avant de débuter le traitement. Le facteur<br />
essentiel de la progression fonctionnelle dépend de la compliance de l’enfant et de l’entourage<br />
et du soutien de l’équipe soignante Tout doit être tenté pour une récupération visuelle<br />
quelqu’en soit le niveau. La prise en charge de déviation strabique est le second temps dans<br />
la majorité des cas<br />
Occlusion therapy is the first choice in visual rehabilitation. The author studies the different occlusive<br />
technics with necessary ophthalmic complete examination The child’s and parental compliance is a<br />
determinant factor in efficacy of treatment with comprehensive participation of medical members The<br />
strabismus is considered in second time in many cases<br />
Mots-Clés :<br />
Occlusion, malvoyance, compliance, strabisme, nystagmus<br />
Occlusion therapy, amblyopia, compliance, strabismus, nystagmus<br />
42<br />
ref: AM20093<br />
“Le strabisme peut être traité par l’occlusion de l’œil normal”: Thabit Ibn Gurrah vers<br />
l’an 900 en Mésopotamie. Découverte personnelle attribuée à Auguste, comte de Buffon<br />
au 18éme siècle pour la littérature européenne et à Erasmus Darwin au 19éme siècle<br />
pour la littérature anglo-saxonne, deux cents ans plus tard l’occlusion reste la meilleure<br />
des techniques de récupération de l’amblyopie fonctionnelle. Elle peut apparaître “barbare”,<br />
inesthétique, mais elle est, dans la majorité des cas, la plus rapidement efficace si<br />
une amélioration fonctionnelle est possible. Elle est, dans ma pratique quotidienne, le<br />
premier maillon dans la prise en charge thérapeutique d’une amblyopie fonctionnelle.<br />
Les malvisions bilatérales chez l’enfant relèvent de nombreuses étiologies. La cataracte<br />
congénitale reste la seule étiologie où les problèmes posés par les résultats fonctionnels<br />
sont l’objet de publications. Pour les autres étiologies on ne dispose d’aucun élément<br />
statistique.<br />
Préalables nécessaires<br />
Contexte général<br />
Il est indispensable de connaître :<br />
■ les antécédents personnels,<br />
■ les antécédents familiaux,<br />
■ la dominance manuelle.<br />
ARIBa – 4 ème Congrès International – Nantes, Novembre 2002<br />
Examen ophtalmologique<br />
Examen ophtalmologique complet de l’enfant strabique malvoyant bilatéral avec :<br />
■ Examen de son comportement visuel, recherche de la dominance oculaire.<br />
■ Examen de la statique et de la dynamique oculaire : présence d’un trouble oculomoteur,<br />
paralysie de fonction, paralysie oculo-motrice, syndrome de restriction, nystagmus<br />
spontané, nystagmus latent, nystagmus manifeste latent.<br />
■ Recherche d’un torticolis oculaire, d’un spasme nutans, de tremblement.<br />
■ Examen biomicroscopique du segment antérieur à la recherche des lésions ou malformations<br />
de la cornée, de la chambre antérieure, du cristallin.<br />
■ Examen du fond d’œil à la recherche de lésions organiques portant sur la rétine, le<br />
vitré, la papille optique.<br />
■ Bilan électro-physiologique sensoriel (ERG, PEV) nécessaire dans certains cas, dans<br />
un but diagnostique, mais aussi dans le cadre du suivi évolutif objectif de l’affection causale.<br />
■ Examen sous anesthésie générale parfois avec gonioscopie, tonométrie, échographie,<br />
biomicroscopie, examen du fond d’œil et skiascopie dans certains cas (enfants non<br />
coopérants).<br />
■ Bilan neurologique clinique et neuro-radiologique en fonction du contexte clinique.<br />
■ Examen indispensable de la réfraction sous cycloplégique par un ophtalmologiste : la<br />
prescription du “ticket du réfractomètre” sans contrôle objectif par la skiascopie<br />
manuelle est inadmissible pour ma part et ce d’autant plus qu’il s’agit d’un enfant malvoyant.<br />
Correction optique totale<br />
■ La correction optique totale doit être prescrite en conseillant les parents sur le choix<br />
de la monture : monture plastique, pont surbaissé, pas de monture ronde et ce d’autant<br />
plus qu’il existe un astigmatisme. Il faut d’emblée les avertir de la nécessité de vérification<br />
de cette première prescription dans les mois à venir.<br />
■ L’enfant a-t-il un terrain atopique ? Ce qui peut exclure d’emblée l’utilisation d’occlusion<br />
sur peau et/ou la prescription de collyre atropinique par exemple.<br />
■ L’amélioration fonctionnelle est-t-elle possible ? Il faut rester très prudent, mais il est<br />
vrai que l’on a parfois de bonnes surprises. La prise en charge précoce est un élément<br />
favorable mais ne présume en rien du niveau du gain visuel.<br />
■ La compliance de la famille est indispensable : il faut prendre le temps d’expliquer les<br />
enjeux et utiliser tous les intervenants (pédiatres, neurologues, orthoptistes, opticien)<br />
pour soutenir la famille et encourager l’enfant.<br />
Les occlusions<br />
Occlusion directe ou inverse<br />
Ce problème a fait l’objet de nombreux débats. L’occlusion inverse, celle de l’œil<br />
amblyope, a été préconisée par un certain nombre d’auteurs en présence d’amblyopie à<br />
fixation excentrique dans le but de “faire oublier” cette localisation avant de passer à<br />
l’occlusion directe, celle de l’œil dominant. A l’heure actuelle, l’occlusion directe est la<br />
seule utilisée. Elle récolte la quasi unanimité dans son concept. Par contre, dans son<br />
management, il y a de nombreux cas de figures : type d’occlusion, matériel utilisé, temps<br />
journalier, durée de son maintien, et l’après occlusion.<br />
Les publications de Flynn et coll. en 1998 et 1999 portant sur 961 patients issus de 23 études<br />
intégrant l’amblyopie strabique, l’amblyopie strabique avec anisométropie et l’amblyopie<br />
anisométropique,considérant comme résultat favorable une acuité visuelle à<br />
ARIBa – 4 ème Congrès International – Nantes, Novembre 2002