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Sensee-Etude-Economique-Optique

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Ce problème, et c’est là la seconde idée-force de l’analyse<br />

théorique de la forclusion, est l’impossibilité pour la firme<br />

amont de s’engager au travers de contrats publiquement<br />

observables par les firmes en aval à répliquer les niveaux<br />

de profits qu’elle aurait pu obtenir si elle avait exercé un<br />

contrôle direct du secteur aval. C’est cette solution d’« intégration<br />

verticale » que la firme amont cherche alors à répliquer<br />

ou à approcher autant que faire se peut au travers<br />

1.3 Un exemple canonique<br />

Pour illustrer notre propos, considérons un des modèles de<br />

référence dans la littérature sur la forclusion. Un monopole<br />

amont fournit un bien intermédiaire à deux détaillants en<br />

concurrence duopolistique sur un marché aval. Supposons<br />

pour simplifier mais sans aucune perte de généralité que<br />

les coûts de production en amont soient nuls. La concurrence<br />

sur le marché aval est de type Cournot, c’est à dire en<br />

quantité, et chacune de ces firmes utilise une technologie<br />

Leontief pour transformer une unité de bien intermédiaire<br />

en une unité de bien final. La solution de monopole que<br />

voudrait atteindre idéalement la firme amont consiste à<br />

vendre à chacune des unités de l’aval la moitié de la quantité<br />

de monopole et à récupérer les profits ainsi générés en<br />

aval par une charge fixe égale, pour chacune de ces unités,<br />

à la moitié du profit d’un hypothétique monopole qui aurait<br />

pu y évoluer. Ainsi le pouvoir de monopole sur le marché<br />

aval et les profits qui y sont associés bénéficieraient in fine<br />

à la firme en amont.<br />

Bien entendu, cette solution intégrée n’est accessible que<br />

si la firme amont peut s’engager de manière crédible vis-àvis<br />

des détaillants à ne pas leur fournir plus de la moitié de<br />

la production de monopole. Cette crédibilité est aisément<br />

obtenue dès lors que les contrats d’approvisionnement<br />

sont publics et engagent la firme dominante.<br />

Considérons a contrario la situation où les contrats passés<br />

entre l’amont et l’aval restent secrets et posons nous la<br />

question de savoir si la solution intégrée peut toujours<br />

être atteinte sous ces conditions. Puisque le détaillant 1<br />

ne vend que la moitié de la quantité de monopole et que le<br />

prix est au delà du coût marginal des détaillants, la firme<br />

amont peut vouloir vendre un peu plus de bien intermé-<br />

de pratiques contractuelles pouvant limiter l’accès à un<br />

input essentiel qu’elle fournit. La théorie de la forclusion<br />

fait donc écho assez naturellement à la théorie certainement<br />

plus générale des restrictions verticales, théorie qui<br />

expose de quelles façons un manufacturier sait imposer à<br />

ses détaillants des clauses contractuelles dans le seul but<br />

d’atténuer leur concurrence et de maintenir des profits<br />

élevés pour la chaîne de production.<br />

diaire au détaillant 2 et augmenter ainsi les profits de ce<br />

dernier. Cette déviation est possible dès lors qu’elle est<br />

sous-tendue par un accord secret non-observable par le<br />

détaillant 1. Bien sûr, cette déviation se fait tout d’abord<br />

aux dépends de ce dernier détaillant mais, et c’est plus<br />

surprenant, elle implique aussi que la firme amont ne<br />

pourra pas capter autant de profits au travers de la charge<br />

fixe qu’elle demande à ce détaillant. Pire encore, pour les<br />

mêmes raisons qu’un contrat secret bilatéral supportait<br />

une déviation avec le détaillant 2, un autre contrat bilatéral<br />

supporte aussi une déviation avec le détaillant 1 maintenant<br />

et ceci aux dépends du détaillant 2. Et par la même<br />

logique, ce sera au final la firme amont qui souffrira de ne<br />

pouvoir capter les profits de monopole en aval. A l’équilibre<br />

de ce jeu en contrats secrets, ce n’est plus le profit de la<br />

structure verticalement intégrée qui peut être atteint ; seul<br />

le profit global correspondant aux productions d’équilibre<br />

de Nash-Cournot sur le marché aval pourra être capturé<br />

par la firme amont.<br />

Un principe important émerge alors. Dans ce processus<br />

destructeur de valeur, la firme amont est son premier<br />

ennemi ; elle ne peut s’empêcher à négocier des contrats<br />

qui vont éroder les profits de l’aval.<br />

Une question cruciale se pose alors pour l’amont : comment<br />

recréer de la valeur sans s’exposer à devenir son premier<br />

concurrent ? C’est ici que les pratiques de forclusion<br />

prennent toute leur importance. Examinons deux solutions<br />

possibles pour fixer quelque peu les idées. La première<br />

consiste pour la firme amont à s’engager à ne vendre qu’au<br />

détaillant 1 dans un contrat de service exclusif et nulle<br />

érosion des profits aval n’aura lieu. La solution de mono-<br />

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