Sensee-Etude-Economique-Optique
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pole peut dès lors facilement être rétablie en vendant la<br />
quantité de monopole au seul contractant aval ! Que la<br />
firme amont puisse intégrer verticalement le détaillant<br />
1 et de la même manière, toute augmentation des ventes<br />
auprès du détaillant non-intégré est compensée par un<br />
ajustement des quantités produites en interne de manière<br />
à préserver le pouvoir de monopole aval.<br />
Les conclusions de ce modèle sont assez robustes voire<br />
amplifiées sous certaines spécifications alternatives de<br />
la modélisation (modulo certaines hypothèses sur les<br />
Selon nous, le marché de l’optique et les pratiques commerciales<br />
qui le caractérisent aujourd’hui répondent dans<br />
leurs grandes lignes à la stricte définition d’une situation<br />
de forclusion. Cette situation reste cependant assez spécifique<br />
et ne correspond pas à l’exemple canonique que nous<br />
avons pu évoquer dans la section 1.3.<br />
Pour en avoir pleinement conscience, décrivons ce qui<br />
nous apparaît être les grandes caractéristiques de ce<br />
secteur. Une analyse attentive du secteur montre en effet<br />
que ce marché peut être décrit de manière stylisée de la<br />
façon suivante.<br />
Essilor International produit et vend des verres destinés<br />
à corriger tous les types de défauts de la vue (presbytie,<br />
myopie, astigmatisme, etc.) ainsi que des verres de protection<br />
solaire. Les principales marques des verres correcteurs<br />
sont Varilux (progressifs), Crizal (multitraitements)<br />
ou encore la dernière innovation Optifog (antibuée). Ce<br />
segment représente une part importante de la valeur dans<br />
la chaîne de production (57%). Essilor International est<br />
donc un producteur en amont qui fournit ces inputs à des<br />
distributeurs de lunettes qui sont en concurrence auprès<br />
des consommateurs finals. Ce producteur est très largement<br />
dominant en amont, il détient en effet près de 90 % de parts<br />
de marché. Qui plus est, des investissements importants<br />
136<br />
croyances hors équilibre des détaillants, subtilité théorique<br />
non sans conséquence sur la description des équilibres<br />
ou leurs propriétés). Remplaçons par exemple la<br />
concurrence en quantités sur le marché aval par une<br />
concurrence en prix pour des biens différenciés et les<br />
conclusions du modèle s’en trouvent renforcées. Ce ne<br />
sont plus les profits d’un équilibre de Nash-Cournot qui<br />
peuvent être capturés par l’amont dans le cas des contrats<br />
secrets mais les profits correspondants à des concurrences<br />
en prix plus agressives.<br />
2 Pertinence du concept de forclusion<br />
pour le marché de l’optique<br />
dans la recherche et développement lui permettent par<br />
ailleurs de préserver cette position de leader en innovant<br />
systématiquement dans le « haut de gamme », produisant<br />
des verres de très haute qualité et aux caractéristiques<br />
toujours plus complexes.<br />
La production et la vente de montures représentent une part<br />
nettement plus faible de la valeur (24 %) et seront négligés<br />
dans le reste de l’analyse.<br />
Tournons-nous maintenant vers l’aval. Les distributeurs de<br />
lunettes y sont de deux sortes. Tout d’abord, on retrouve des<br />
enseignes bien connues ayant adopté un mode de distribution<br />
traditionnel s’appuyant sur de denses réseaux de<br />
distributeurs physiques. Les tarifs élevés, du moins si on<br />
les compare aux pratiques tarifaires dans des pays comparables<br />
à la France (pays européens, Etats-Unis...) ont rendu<br />
possible l’entrée sur ce marché de nouveaux concurrents<br />
qui ont adopté la vente sur Internet comme pratique alternative,<br />
remplaçant ainsi un réseau physique par un réseau<br />
virtuel leur permettant d’économiser significativement sur<br />
leurs coûts.<br />
En ce qui concerne la forclusion proprement dite, l’amont<br />
pratique des ventes exclusives de verre de qualité élevée aux<br />
distributeurs traditionnels. La concurrence sur le segment<br />
le plus haut du marché s’en voit donc limitée de facto, ce qui