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Janot chéri, coureur de fond,<br />
*<br />
Marseille, ce samedi matin<br />
20 juin 1964<br />
J'ai ta lettre de jeudi soir−vendredi. Tu fais des miracles, mais tu te crèves ! (J'espère que tu n'as pas la<br />
chaleur horriblement lourde d'ici ; le temps est à l'orage, c'est effroyable).<br />
Ce matin, au courrier, accord de la Compagnie internationale des wagons−lits. Et le chèque de 1 000 francs<br />
accompagné de la lettre ci−jointe de M. Pellay.<br />
Couten est Grand Prix d'Honneur dans la catégorie Salauds−Champagne. (Hors concours, étant Délia<br />
Laforgue.)<br />
Mais Tania, mon chou, est pour des semaines en Grèce et dans les îles. Elle sait s'organiser des voyages<br />
cette charmante fille !<br />
Dieu merci, Carlos a échappé à Denyse ; et il ne l'a pas invitée ! Grâces lui soient rendues ! D'ailleurs, s'il<br />
avait cédé à un vague attendrissement, il aurait eu besoin de huit jours pour se remettre. (Elle a dû penser :<br />
cette salope de Marcou a dû donner des ordres !) Je rigole !<br />
Tu as fait une belle lettre à Julien Cain. Bravo. J'expédie à Merlet le numéro Kazantzakis.<br />
Merci des nouvelles de Polad : je répercute sur la famille. Les deux histoires sur de Gaulle sont<br />
magnifiques : merci d'avoir pris le temps de les écrire.<br />
Aujourd'hui, c'est le jour des broutilles−réclamations. Vraiment, l'expédition des numéros à l'étranger par les<br />
soins de la SOPIC amène un pourcentage inquiétant de désintégrations... Il faut répondre, s'excuser et<br />
renvoyer des exemplaires. Zut.<br />
Hier soir, avec Clairette, nous sommes allées au vernissage des toiles Mairie de Cassis. Vu Lily Pastré,<br />
encore pour quelques jours à sa chapelle et qui attend au plus vite un coup de fil de toi. Elle venait d'apprendre<br />
à l'instant la mort subite d'Ébrard (ce n'est même pas dans le journal de ce matin). Il n'a pas dû se remettre de<br />
l'achat de mon parfum, l'autre jour...<br />
Les toiles choisies sont en forte baisse de qualité. Rien n'émerge.<br />
Nous avons ensuite mangé sur le port : il faisait beau et calme. C'est quand même malheureux de ne pas<br />
pouvoir s'offrir assez souvent des petites joies de cette sorte.<br />
Françoise va à midi chez Todrani, pour la jaquette de sa dent. Pas aidée, la pauvre poulette... Et la jeune<br />
Anne Bosshard vient déjeuner avec nous.<br />
<strong>Agone</strong> <strong>10</strong> 6