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— Bien tenté, mais c'est à mon tour de poser des questions, je te rappelle.<br />
— Oh, j'avais oublié. Que veux-tu savoir ?<br />
J'avais beau me creuser la cervelle, je ne voyais pas du tout ce qui pouvait l'intéresser en moi.<br />
— Quelle est ta couleur préférée ?<br />
— Ça varie selon les jours.<br />
— Quelle est ta couleur préférée aujourd'hui ? Insista-t-il.<br />
— Le marron, sans doute.<br />
J'avais tendance à m'habiller selon mes humeurs.<br />
— Ah bon ?<br />
— Oui. C'est une couleur chaude. Elle me manque. Tout ce qui est censé être brun, les troncs, les<br />
rochers, la boue, est couvert de mousse verte, ici.<br />
Mon petit discours enflammé parut le fasciner, et il le médita quelques instants en me dévisageant.<br />
—Tu as raison, finit-il par décréter, le brun est chaud.<br />
Sur ce, il tendit la main et, d'un geste timide et vif, repoussa des mèches derrière mon épaule. Nous<br />
étions déjà au lycée. Il se gara et se tourna <strong>vers</strong> moi.<br />
— Qu’as-tu comme musique en ce moment dans ton lecteur de CD ? me demanda-t-il, les traits aussi<br />
sombres que s'il avait exigé ma confession pour meurtre.<br />
Je me rappelai que j'y avais laissé le disque de Phil. Je le lui dis, et il me gratifia de son sourire en<br />
coin, un éclat étrange dans Ouvrant un compartiment placé sous la radio de la voiture, il en sortit un<br />
CD parmi la trentaine qui y étaient entassés.<br />
— Tu préfères ça à Debussy ? S’étonna-t-il.<br />
C'était le même album, et je m'absorbai dans l'examen de la jaquette familière pour fuir son regard<br />
pénétrant.<br />
Le reste de la journée se déroula sur le même mode. Quand il m'accompagna en anglais, me retrouva<br />
après l'espagnol, et pendant le déjeuner, il m'interrogea sans fin sur le moindre détail de mon<br />
insignifiante existence. Les films que j'aimais, ceux que je détestais, les rares endroits où j'étais allée et<br />
les nombreux autres que j'avais envie de visiter, et les <strong>livre</strong>s, les <strong>livre</strong>s inlassablement.<br />
Je ne me souvenais pas d'avoir jamais autant parlé. J'étais souvent gênée, certaine de l'ennuyer. Mais<br />
son expression de concentration intense et son insatiable curiosité me contraignaient à poursuivre. La<br />
majorité de ses demandes étaient faciles, et très peu déclenchèrent mes rougissements. Lorsque cela<br />
avait le malheur de se produire, j'en étais quitte pour un interrogatoire supplémentaire.<br />
Ainsi, quand il voulut savoir quelle était ma pierre précieuse préférée et que, sans réfléchir, je<br />
mentionnai la topaze. Il me bombardait de questions à une telle vitesse que j'avais l'impression d'être<br />
soumise à l'un de ces tests psychologiques où l'on est prié de répondre par le premier mot qui vous<br />
passe par l'esprit. Si je ne m'étais pas empourprée à cet instant, je suis sûre qu'il aurait continué à