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2.À LIVRE OUVERT<br />
Le jour suivant fut mieux... et pire.<br />
Mieux parce qu'il ne pleuvait pas encore, bien que les nuages fussent denses et opaques. Plus<br />
décontracté parce que je savais à quoi m'attendre. Mike s'assit à côté de moi en anglais, sous le regard<br />
peu amène d'Éric le joueur d'échecs ; c'était assez flatteur. Les gens ne me reluquèrent pas avec autant<br />
d'insistance que la veille. Je déjeunai avec tout un groupe, parmi lequel Mike, Éric, Jessica et plusieurs<br />
personnes dont les visages et les noms ne m'étaient plus aussi étrangers. J'eus le sentiment que je<br />
commençais à flotter au lieu de couler à pic.<br />
Pire, parce que j'étais fatiguée. Je n'arrivais toujours pas à dormir, avec le vent qui mugissait autour de<br />
la maison. Pire, parce que M. Varner m'interrogea en maths – alors que je n'avais même pas levé le<br />
doigt –, et que je me trompai. Nul, parce que je dus jouer au volley et que, la seule fois où je n'évitai<br />
pas le ballon, je le lançai sur la tête d'un de mes équipiers. Pire, parce qu'Edward Cullen était absent.<br />
Toute la matinée, je redoutai l'heure de la cantine et la perspective de son attitude déstabilisante. Une<br />
partie de moi souhaitait se con<strong>fr</strong>onter à lui et exiger des explications. Pendant ma nuit d'insomnie,<br />
j'avais même répété mon discours. Je me connaissais néanmoins suffisamment bien pour savoir que je<br />
n'aurais pas ce courage. À côté de moi, Cendrillon a des allures de Terminator.<br />
Lorsque j'arrivai à la cafétéria avec Jessica – en m'efforçant, en vain, de ne pas le chercher des yeux –,<br />
je découvris que, si ses étranges <strong>fr</strong>ères et sœurs étaient déjà installés, lui n'était pas là. Mike nous<br />
intercepta pour nous entraîner à sa table. Jessica parut ravie de cette attention, et ses amies ne tardèrent<br />
pas à se joindre à nous. Tout en essayant d'écouter leur insouciant bavardage, je cédai à un malaise<br />
tenace et guettai nerveusement le moment où il apparaîtrait. Je priai pour qu'il se contentât de<br />
m'ignorer, afin de me prouver que mes soupçons étaient infondés.<br />
Il ne vint pas, le temps passa, et ma tension augmenta.<br />
Lorsque, à la fin du repas, son absence se confirma, c'est avec plus d'assurance que je me rendis en<br />
cours de biologie. Mike, qui montrait toutes les qualités d'un saint-bernard, m'accompagna fidèlement<br />
aux portes du labo. Sur le seuil, je retins mon souffle, mais Edward n'était pas là non plus. En<br />
soupirant, je gagnai ma place. Mike m'emboîta le pas, sans cesser de pérorer sur une sortie prévue à la<br />
mer. Il s'attarda près de mon bureau jusqu'à la sonnerie puis, avec un sourire de regret, il alla s'asseoir<br />
à côté d'une malheureuse qui arborait un appareil dentaire et des cheveux gras. Visiblement, j'allais<br />
devoir m'occuper de lui, ce qui promettait de ne pas être facile. Dans une ville comme Forks, où les<br />
gens vivent les uns sur les autres, un peu de diplomatie est indispensable. Le tact n'a jamais été mon<br />
fort, et je manquais de pratique pour ce qui était d'éconduire les garçons un peu trop cordiaux.<br />
Je fus soulagée d'avoir la paillasse pour moi seule. Du moins, c'est ce que je me répétai. En vérité,<br />
j'étais obsédée par l'idée d'être à l'origine de la défection d'Edward. Penser que j'étais capable d'affecter<br />
quelqu'un à un tel degré était ridicule et égocentrique. Impossible. Malgré tout, je m'inquiétai.<br />
Lorsque les cours s'achevèrent enfin et que le feu de mes joues (provoqué par un nouvel incident en<br />
gym) se fût atténué, je remis rapidement mon jean et mon sweater bleu marine et quittai en trombe les<br />
vestiaires, heureuse de constater que j'avais réussi à semer mon protecteur canin. Je fonçai sur le<br />
parking, à cette heure encombré d'élèves, grimpai dans ma camionnette et fouillai mon sac pour<br />
vérifier que je n'avais rien oublié.