Télécharger (vers l`aval) livre électronique - Ebooks-numeriques.fr
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Elle n'insista pas, ne posa pas la centaine de questions dont Jessica m'aurait abreuvée à sa place. Je<br />
commençais à réellement apprécier Angela. Je laissai tomber le sujet, car Jess revenait <strong>vers</strong> nous avec<br />
une parure en strass qui s'accorderait aux souliers argentés qu'elle avait choisis pour la soirée.<br />
Nous avions projeté de dîner dans un petit restaurant italien sur le <strong>fr</strong>ont de met Comme les emplettes<br />
avaient pris moins de temps que prévu, les Filles décidèrent de rapporter leurs affaires à la voiture puis<br />
de descendre à pied <strong>vers</strong> la baie. Pour ma part, j'avais envie d'aller dans une librairie. Toutes deux<br />
proposèrent aussitôt de m'accompagner. Je les en dissuadai : mieux valait m'éviter quand j'étais<br />
entourée de <strong>livre</strong>s, et je préférais être seule dans ces cas-là. Nous convînmes d'un rendez-vous d'ici une<br />
heure, et elles partirent <strong>vers</strong> la voiture en discutant avec entrain tandis que je m'orientais en direction<br />
de la rue où Jess m'avait assuré que je trouverais mon bonheur.<br />
Le magasin était bien là ; malheureusement, il était décevant. La devanture était encombrée de<br />
cristaux, d'attrape-rêves indiens et de <strong>livre</strong>s portant sur la spiritualité. De l'autre côté de la vitrine, une<br />
femme d'une cinquantaine d'années aux longs cheveux gris rejetés dans le dos et vêtue d'une robe<br />
datant des années soixante me souriait, avenante, de derrière son comptoir. Voilà une rencontre dont je<br />
pouvais me passer, conclus- je. Je n'entrai même pas. Il devait bien exister une vraie librairie dans<br />
cette ville.<br />
Je flânai dans les rues de plus en plus encombrées par les voitures de ceux qui rentraient du travail, et<br />
me dirigeai – du moins je l'espérais – <strong>vers</strong> le <strong>fr</strong>ont de mer. Déprimée, je ne prêtais pas autant<br />
d'attention que j'aurais dû à l'endroit où mes pas m'entraînaient. Je luttais pour ne pas penser à lui, à ce<br />
qu'Angela m'avait dit... et, surtout, pour tempérer mes espoirs au sujet du samedi à venir afin d'éviter<br />
une déception encore plus douloureuse. Mais lorsque j'aperçus une Volvo argent garée le long du<br />
trottoir, tous mes efforts furent réduits à néant. Crétin de vampire lâcheur !<br />
Furieuse, je tournai les talons et filai en direction de boutiques qui semblaient prometteuses.<br />
Malheureusement, il ne s'agissait que d'un atelier de réparation et d'un local à louer. Il était encore trop<br />
tôt pour que je me mette à la recherche de Jess et Angela ; et puis, auparavant, il fallait absolument que<br />
je me ressaisisse. Je passai plusieurs fois de suite mes doigts dans mes cheveux et respirai un bon coup<br />
avant de bifurquer dans une autre rue.<br />
Ce ne fut qu'au deuxième carrefour que je me rendis compte que je m'égarais. Les rares piétons<br />
allaient tous en sens in<strong>vers</strong>e, et la plupart des bâtiments alentour étaient des entrepôts. Je décidai de<br />
tourner à la prochaine intersection, puis une fois encore afin de revenir sur mes pas par un autre<br />
chemin.<br />
Un groupe de quatre hommes surgit soudain de l'artère <strong>vers</strong> laquelle je me dirigeais, habillés de façon<br />
trop décontractée pour rentrer du bureau, trop négligée pour des touristes. Au fur et à mesure qu'ils se<br />
rapprochaient, je constatai qu'ils étaient à peine plus âgés que moi. Ils échangeaient des plaisanteries<br />
bruyantes, des rires gras, des bourrades viriles. Je me collai le plus possible côté mur afin de leur<br />
laisser un maximum de place et accélérai le pas en évitant de les dévisager.<br />
— Hé, toi ! M’apostropha l'un d'eux en me croisant.<br />
Il devait s'adresser à moi, vu qu'il n'y avait personne d'autre. L'instinct me poussa à poser les yeux sur<br />
lui. Deux des gars s'étaient arrêtés, les deux autres ralentissaient. Apparemment, c'était le plus proche,<br />
une armoire à glace d'une vingtaine d'années aux cheveux noirs, qui avait parlé. Il portait une chemise<br />
de coton sur un T-shirt crasseux, un bermuda en jean et des sandales. Il avança <strong>vers</strong> moi.<br />
— Bonsoir, marmonnai-je sans réfléchir avant de détourner rapidement le regard et de foncer.