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carrefour, et je respirai plus librement. Une fois sortie de cette rue déserte, je tomberais sur une avenue<br />
plus <strong>fr</strong>équentée. Ce fut avec empressement que je tournai le coin de l'intersection.<br />
Et m'arrêtai tout net.<br />
L'artère était bordée de part et d'autre par des murs aveugles. D'aperçus, à quelques pâtés d'immeubles<br />
de là, des réverbères, des autos, des piétons, mais ils étaient beaucoup trop loin de moi. Car, appuyés<br />
nonchalamment contre une façade, à mi-hauteur de la rue, les deux autres membres de la bande<br />
m'attendaient. Un sourire excité se dessina sur leurs lèvres lorsque je me figeai sur place. Je compris<br />
alors que je n'avais pas été suivie. J'avais été traquée. Je ne m'arrêtai qu’une seconde, mais elle me<br />
parut très longue. Pivotant, je filai sur le trottoir opposé, consciente de l'inanité de cette di<strong>vers</strong>ion –<br />
derrière moi, les bruits de pas s'étaient tout à coup rapprochés.<br />
— Te voilà donc !<br />
La voix tonitruante de l'armoire à glace réduisit en miettes le silence de plomb, et je sursautai. Dans la<br />
pénombre grandissante, on aurait dit que son regard me tra<strong>vers</strong>ait sans me voir.<br />
— Ouais ! Brailla une autre voix derrière moi.<br />
Une fois encore, je tressaillis et tentai d'accélérer l'allure.<br />
— On a juste fait un petit détour ! ajouta un de ceux qui m'avaient suivie.<br />
Malheureusement, je ne tardai pas à devoir ralentir. La distance qui me séparait des deux hommes<br />
postés dans la rue s'amenuisait trop vite. Je suis capable de pousser des hurlements stridents. J'avalai<br />
donc une grande goulée d'air, mais ma gorge était si sèche que je doutai de réussir à obtenir le volume<br />
sonore souhaité. D'un mouvement leste, je récupérai mon sac dans une main, serrant la bandoulière<br />
fermement, prête à l'abandonner ou à m'en servir comme d'une arme si besoin était.<br />
Le plus trapu des types se détacha du trottoir alors que je ralentissais prudemment et descendais sur la<br />
chaussée.<br />
— Fichez-moi la paix ! Prévins-je d'un ton que je voulais ferme et assuré.<br />
Je ne m'étais pas trompée, hélas – je n'émis qu'un glapissement.<br />
— Sois pas comme ça, chérie ! Rétorqua l'autre tandis que ses camarades s'esclaffaient bruyamment.<br />
Jambes écartées, je me préparai à l'af<strong>fr</strong>ontement, essayant, malgré ma panique, de me rappeler les<br />
maigres notions d'autodéfense que je possédais. Tranchant de la main lancé en l'air en espérant réussir<br />
à briser le nez ou à l'enfoncer dans le cerveau ; doigts plongés en crochet dans les orbites pour<br />
énucléer l'agresseur; et, bien sûr, le classique coup de pied judicieusement placé. La petite voix dénuée<br />
d'illusions se remit soudain à parler dans ma tête, me signalant que, je n'avais sans doute aucune<br />
chance face à ce genre de types, et puis quatre d'un coup... Je lui intimai de se taire avant que la terreur<br />
ne m'anesthésie complètement. Je n'avais pas l'intention d'être éjectée de la partie sans en avoir mis au<br />
moins un au tapis. Je me forçai à déglutir afin de pouvoir pousser un hurlement décent.<br />
Tout à coup, des phares surgirent. Le véhicule manqua de ren<strong>vers</strong>er le gars trapu, qui dut sauter sur le<br />
trottoir. Je me précipitai au milieu de la route – soit cette voiture s'arrêtait, soit elle m'écrasait. Elle<br />
m'évita d'un brusque coup de volant avant de stopper en dérapant à moins d'un mètre de moi, portière<br />
ouverte.