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— Tu excelles dans tous les domaines.<br />

Il l'admit avec un haussement d'épaules, et nous rîmes sans bruit.<br />

— Comment ça peut déjà être aussi aisé ?`persistai- je. Cet après-midi...<br />

— Ça ne l'est pas. C'est juste que, tout à l'heure, j'étais... indécis. Désolé, je suis impardonnable de<br />

m'être comporté ainsi.<br />

— Pardonné.<br />

— Merci. Vois-tu, je n'étais pas sûr d'être assez fort. Et tant que subsistait la possibilité que je sois...<br />

dépassé, je suis resté... sur mes gardes. Jusqu'à ce que j'aie décidé que j'en étais capable, qu'il était<br />

impossible que... que jamais je ne...<br />

C'était la première fois que je le voyais avoir autant de mal avec les mots. C'était tellement... humain.<br />

— Donc, conclus-je, il n'y a plus de risque ?<br />

— La victoire de la raison sur la chair, répéta-t-il en souriant, ses dents luisant même dans le noir.<br />

— Dis donc, c'était drôlement facile.<br />

Rejetant la tête en arrière, il éclata d'un rire silencieux mais plein d'exubérance.<br />

— Parle pour toi ! Rectifia-t-il en effleurant mon nez du bout des doigts avant de reprendre soudain<br />

son sérieux. Je fais des efforts. Si ça devait devenir... trop dur, je suis presque sûr que j'arriverais à<br />

partir.<br />

Je <strong>fr</strong>onçai les sourcils. Je ne voulais plus l'entendre évoquer ce sujet.<br />

— Et demain ne sera pas aussi aisé, continua-t-il. J'ai respiré ton odeur toute la journée, et j'y suis<br />

devenu moins sensible. Que je m'éloigne de toi pendant un moment, et je devrais recommencer. Mais<br />

pas à zéro, me semble-t-il.<br />

— Alors, ne t'éloigne pas, répondis-je, incapable de dissimuler mon désir.<br />

— D'accord ! Plaisanta-t-il. Qu’on amène les fers, je serai ton prisonnier.<br />

Ce furent ses mains pourtant qui se fermèrent comme des menottes autour de mes poignets, tandis que<br />

son doux rire musical résonnait une fois encore. Il avait plus ri ce soir que durant tous les moments<br />

réunis que j'avais passés avec lui.<br />

— Tu as l'air plus... optimiste que d'habitude.<br />

— N'est-il pas censé en être ainsi ? Le bonheur des premières amours et tout le toutim. Incroyable,<br />

n'est-ce pas, cette différence entre lire quelque chose, le voir en peinture et l'expérimenter ?<br />

— Très. Le vivre est plus puissant que je ne l'aurais imaginé.<br />

— La jalousie, par exemple. (Les mots lui venaient librement, à présent, et je devais me concentrer<br />

pour n'en laisser échapper aucun.) J'ai lu des dizaines de milliers de pages là-dessus, j'ai vu des acteurs<br />

la jouer dans des milliers de pièces et de films. Je croyais l'avoir plutôt bien comprise. Pourtant, elle<br />

m'a déstabilisé. (Il grimaça.) Te souviens-tu du jour où Mike t'a invitée au bal ?

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