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Maman,<br />
Désolée, j'étais occupée. Je suis allée au bord de la mer avec des amis. J'avais aussi une disserte à<br />
rédiger.<br />
Mes excuses étaient minables. J'abandonnai.<br />
Il fait beau, aujourd'hui. Je sais, moi aussi ça m'épate. Je vais sortir, histoire d'emmagasiner un<br />
maximum de vitamines D. Bises, Bella.<br />
Je décidai de tuer une heure avec de la lecture qui ne fût pas scolaire. J'avais emporté une petite<br />
collection de <strong>livre</strong>s à Forks, dont le plus usé était une anthologie des écrits de Jane Austen. C'est celuici<br />
que je choisis avant de me diriger <strong>vers</strong> le petit jardin carré de derrière, prenant au passage un vieux<br />
plaid dans l'armoire à linge située sur le palier du premier étage.<br />
Une fois dehors, je pliai la couverture en deux et la posai loin de l'ombre dispensée par les arbres, sur<br />
l'épaisse pelouse qui était toujours un peu mouillée, quelle que fût l'ardeur des rayons du soleil. Je<br />
m'allongeai sur le ventre, jambes croisées en l'air, et feuilletai les différents romans du recueil en<br />
hésitant sur celui qui m'occuperait le plus l'esprit. Mes œuvres préférées étaient Orgueil et Préjugés et<br />
Raison et Sentiments. J'avais lu le premier récemment, si bien que je m'attaquai au second, pour me<br />
rappeler au bout du troisième chapitre seulement que le personnage principal se prénommait Edward.<br />
Furieuse, je me tournai <strong>vers</strong> Mansfield Parle, mais le héros de celui-là s'appelait Edmund, ce qui était<br />
<strong>fr</strong>anchement trop proche. N'y avait-il donc pas d'autres prénoms disponibles à la fin du XVIIIe siècle ?<br />
Agacée, je refermai le <strong>livre</strong> et roulai sur le dos. Remontant mes manches aussi haut que possible, je<br />
fermai les yeux. Je n'allais penser à rien qu'à la chaleur du soleil sur ma peau, m’ordonnai-je<br />
sévèrement. Bien que légère, la brise agitait des mèches autour de mon visage, qui me chatouillaient.<br />
Je repoussai mes cheveux en haut de ma tête et les plaçai en éventail sur la couverture avant de me<br />
concentrer de nouveau sur la tiédeur qui caressait mes paupières, mes joues, mon nez, mes lèvres, mes<br />
avant-bras, mon cou, tra<strong>vers</strong>ait ma chemise légère...<br />
Je repris conscience au bruit de la voiture de patrouille qui tournait dans l'allée. Je m'assis, hébétée, et<br />
m'aperçus que la lumière s'était couchée derrière les arbres, et que je m'étais endormie. Je regardai<br />
alentour, un peu perdue, avec le brusque sentiment que je n'étais pas seule.<br />
— Charlie ? Appelai-je.<br />
Mais il était en train de claquer sa portière, de l'autre côté de la maison. Je bondis sur mes pieds,<br />
bêtement nerveuse, rassemblai le plaid à présent humide et mon <strong>livre</strong> et me précipitai à l'intérieur pour<br />
mettre de l'huile à chauffer – nous mangerions en retard. Charlie accrochait son arme et ôtait ses bottes<br />
quand j'entrai.<br />
— Désolée, papa, le repas n'est pas encore prêt. Je me suis endormie dehors.<br />
J'étouffai un bâillement.<br />
— Ne t'inquiète pas pour ça, répondit-il. De toute façon, je voulais voir où en était le match.<br />
Après dîner, je regardai la télé en compagnie de Charlie, histoire de m'occuper. Il n'y avait rien qui<br />
m'intéressât, mais comme Charlie savait que je n'aimais pas le base-ball, il zappa sur un feuilleton<br />
décérébré qui nous ennuya l'un et l'autre. Il avait toutefois l'air heureux de passer du temps avec moi.<br />
Et, malgré ma déprime, cela me faisait du bien de le rendre heureux.