30.06.2013 Views

Code zéro

Code zéro

Code zéro

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Elle s’arrêta devant le blockhaus pour contempler le pas de<br />

lancement 26B, à trois cents mètres de là. Un derrick récupéré<br />

dans une exploitation pétrolière faisait office de portique ; une<br />

peinture au minium le protégeait de la corrosion causée par l’air<br />

marin. Sur un côté, un ascenseur permettait d’accéder aux<br />

différentes plates-formes. L’édifice avait été conçu dans un but<br />

purement fonctionnel, sans le moindre souci esthétique.<br />

La longue silhouette blanche de la fusée Jupiter C, prise<br />

dans l’enchevêtrement des poutrelles orangées, évoquait une<br />

libellule prisonnière d’une toile d’araignée. On avait retiré la<br />

bâche de toile qui dissimulait les étages supérieurs aux regards<br />

indiscrets. La fusée s’étalait maintenant aux yeux de tous, le<br />

soleil se réverbérant sur sa peinture immaculée.<br />

Les savants ne s’occupaient guère de politique, mais ils ne<br />

pouvaient ignorer que le monde avait les yeux braqués sur eux.<br />

Voilà près de quatre mois, l’URSS avait stupéfié la planète en<br />

lançant son premier satellite spatial, le Spoutnik. Dans les pays<br />

où s’affrontaient encore le capitalisme et le communisme, de<br />

l’Italie jusqu’en Inde en passant par l’Amérique latine, l’Afrique<br />

et l’Indochine, le message fut reçu cinq sur cinq : les savants<br />

soviétiques étaient les meilleurs. Un mois plus tard, les Russes<br />

avaient mis sur orbite un second satellite, le Spoutnik II, avec<br />

une chienne à son bord. Les Américains étaient consternés.<br />

Aujourd’hui, un chien, demain, pourquoi pas un homme ?<br />

Le président Eisenhower avait promis un satellite américain<br />

avant la fin de l’année. Le premier vendredi de décembre, à<br />

11 h 45, la marine américaine lançait la fusée Vanguard en<br />

présence de la presse internationale. L’engin s’éleva de quelques<br />

mètres pour s’enflammer aussitôt, basculer et venir se fracasser<br />

sur le ciment. UN FLOPNIK ! avait titré un journal.<br />

La Jupiter C était le dernier espoir des États-Unis. Il<br />

n’existait nulle solution de rechange. En cas d’échec, la<br />

compétition serait terminée pour eux.<br />

Aucun véhicule n’avait accès à la zone de lancement, à<br />

l’exception des engins de maintenance et des camions-citernes.<br />

Après avoir abandonné sa jeep, Elspeth franchit l’espace<br />

séparant le blockhaus du portique de lancement par un conduit<br />

où passaient les câbles reliant les deux postes. A l’arrière du<br />

– 84 –

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!