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lectures qui ont un public plus masculin, et dont les
thèmes sont liés à l'organisation et l'encadrement de
l'institution école (une "affaire d'homme", ou seule¬
ment les conséquences du fait que les fonctions
d'organisation et d'encadrement soient plus souvent
occupées par des hommes, ce qui pourrait expliquer
leur attrait pour ces problématiques, ayant plus de
chances d'y être confronté au cours de leur carrière).
Ces thèmes sont la politique, les structures et les
niveaux d'enseignement, les personnels de l'ensei¬
gnement, l'orientation et l'emploi.
L'origine sociale semble jouer selon un phénomène
de proximité culturelle par rapport au champ sco¬
laire. Quand l'enseignant est originaire d'un milieu
proche culturellement de l'institution "école", il
paraît rejeter certaines publications ; ainsi, celles por¬
tant sur les méthodes d'enseignement et d'évaluation
pour les enseignants enfants d'enseignants ou, dans
une moindre mesure, de cadres - estimeraient-ils
n'en avoir pas besoin, "baignant" depuis toujours
dans ce milieu ? - ou celles les plus éloignées des ques¬
tions pédagogiques telles que l'éducation extrasco¬
laire - cette fois trop étrangère à leur habitus social.
En revanche, les enseignants enfants d'ouvriersemployés,
et surtout ceux d'agriculteurs, se compor¬
tent comme si, ressentant leur éloignement culturel
et désirant le combler, ils étaient plus demandeurs de
publications et innovantes (comme l'éducation
extrascolaire) et pédagogiques (comme les méthodes
d'enseignement et d'évaluation).
Toutes choses égales par ailleurs, la probabilité de lire
des publications sur les méthodes d'enseignement et
d'évaluation peut être de 79,4 % pour les enfants
d'agriculteurs, 62,9 % pour les enfants d'ouvriersemployés,
52,9 % pour les enfants de cadres, 38,5 %
pour les enfants des professions intermédiaires,
33.8 % pour les enfants d'artisans-commerçants, et
28.9 % pour les enfants d'enseignants.
Celle de lire des publications sur l'éducation extra¬
scolaire peut varier de, toutes choses égales par ailleurs,
24,6 % pour les enfants d'agriculteurs à 0,8 % pour les
enfants d'enseignants, en passant par 10,4 % pour les
enfants de cadres, 10,1 % pour les enfants d'arti¬
sans-commerçants, 6,7 % pour les enfants d'ouviersemployés,
et 2,6 % pour les enfants des professions
intermédiaires.
Les enseignants enfants d'agriculteurs sont en outre
ceux qui sont le moins informés de leurs lectures par
leurs collègues, et, avec les enseignants enfants
d'ouvriers-employés, ceux qui discutent le moins de
leurs lectures au cours de réunions de travail dans
leur établissement. Cet éloignement culturel qui les
inciterait à lire contribuerait-il paradoxalement à les
isoler au sein de l'établissement ?
Il faut encore souligner les résultats portant sur la for¬
mation et initiale, et continue. Ils montrent que les
enseignants qui déclarent s'être "formés sur le tas"
sont ceux qui lisent significativement davantage. De
plus, quand on détaille thème par thème chaque type
de publication, on ne constate que très peu de varia¬
tion dans la probabilité de les lire en fonction de sa
formation initiale. La lecture en éducation est-elle à
ce point si peu valorisée au sein d'institutions telles
que l'IUFM ou anciennement l'école normale ? Une
telle question mérite d'autant plus d'être posée
lorsque l'on constate que les enseignants qui ont le
plus de chances de lire des revues spécialisées en édu¬
cation sont ceux qui ont suivi d'autres "formations"
(de professeur d'EPS, spécialisée, etc.).
En revanche, le fait de suivre une formation profes¬
sionnelle continue plus ou moins soutenue peut faire
significativement varier les chances de lire des publi¬
cations, si ce n'est pour tous les thèmes proposés
dans le questionnaire, pour huit thèmes de publica¬
tions sur les quatorze proposés (tous les thèmes les
plus éloignés de l'enseignement).
Peut-on alors légitimement penser qu'il serait pos¬
sible de valoriser davantage la lecture en éducation
par le biais d'une formation initiale différente de ce
quelle est actuellement, plus proche de la formation
professionnelle continue ?
LES REPRÉSENTATIONS
La "nouvelle culture pédagogique" décrite par
ÉTÉVÉ n'apparaît pas ici plus particulièrement
parmi les lecteurs ou parmi les non-lecteurs. Au con¬
traire, et contre toute attente, le seul résultat notable
qu'on puisse rappeler est que le fait de citer plus sou¬
vent comme cause de l'échec scolaire des causes indi¬
viduelles ("manque de motivation", "manque de
travail" ou "problèmes intellectuels, de compré¬
hension") augmente la probabilité de lire des publi¬
cations parmi les plus éloignées des préoccupations
disciplinaires et pédagogiques.
COMMUNICATION DOCUMENTAIRE 107