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le temps qu'elle dure, et favorisent ainsi les idées et
courants innovants. Les enseignants lisent globale¬
ment moins quand leur conjoint fait également partie
de l'Éducation nationale. En revanche, les ensei¬
gnants ayant des activités bénévoles associatives,
davantage confrontés à différents points de vue, sont
de plus grands lecteurs. Concernant la vie sociale,
rappelons le fait également très parlant que ceux qui
déclarent côtoyer des personnes non enseignantes
mais travaillant, et donc intégrées, au sein de l'Éduca¬
tion nationale lisent moins de lectures innovantes, au
contraire de ceux déclarant côtoyer des profession¬
nels de l'éducation qui ne travaillent pas pour l'Édu¬
cation nationale. On a aussi constaté que ceux qui
désignaient comme leaders d'opinion des ensei¬
gnants syndiqués et intégrés lisaient davantage de
publications pédagogiques et moins de lectures inno¬
vantes, mais que la nouvelle culture pédagogique
semble davantage tenter ceux qui désignent comme
leaders d'opinion des documentalistes.
Les enseignants les plus susceptibles de se tourner
vers une nouvelle culture pédagogique le feront
d'autant plus si elle se développe en marge de l'insti¬
tution scolaire. Et inciter les enseignants à lire des
publications sur l'éducation ne peut-il se faire qu'en
dehors de l'Éducation nationale ?
UNE NOUVELLE REVUE EN ÉDUCATION
TROUVERAIT-ELLE DES LECTEURS ?
Avant même de débuter cette étude, nous avions
conscience qu'il serait difficile de répondre à cette
question.
Et si nous restons d'accord avec l'intuition de
BOURDIEU, "on lit quand on a un marché sur lequel on
peut placer des discours concernant la lecture", il ne
nous est pas permis d'affirmer simplement qu'il suffi¬
rait de créer un marché pour rencontrer des lecteurs.
Nous avons vu que les mécanismes qui font qu'un
enseignant est ou non lecteur de certains types de
publications et non d'autres sont aussi multiples que
variés, où rentrent en compte ses caractéristiques
personnelles, certains de ses projets, certaines de ses
représentations, ainsi que son appartenance à des
réseaux dont la qualité qui paraît jouer de façon pré¬
pondérante est son degré d'intégration dans l'institu¬
tion scolaire.
On a constaté que les stages MAFPEN rencontrent
un certain succès auprès des enseignants, et peuvent
servir de base à la diffusion d'une "nouvelle culture
pédagogique". Or, la MAFPEN fait partie de l'insti¬
tution de l'Éducation nationale. Son exemple nous
amène à songer qu'il serait alors possible d'inciter
les enseignants à lire en restant au sein de l'institu¬
tion sans en ayant l'air...
Les propositions apportées par les études précédentes
sur les lectures pédagogiques des enseignants sont des
pistes intéressantes, à condition toutefois de ne pas
paraître intégré dans l'institution. Les travaux du
groupe de recherche de l'IUFM du Nord-Pas de Calais
parlent d'une transformation de l'image du documen¬
taliste, et ÉTÉVÉ plaide pour la formation autour de ce
dernier d'une équipe d'enseignants innovants (de lea¬
ders d'opinion) équipe qui serait responsable de
l'information pédagogique et de sa diffusion dans
l'établissement. Non explicitement dictée par le minis¬
tère de l'Éducation nationale, la création de telles équi¬
pes pourrait "élargir le cercle des initiés", selon les
termes d'ÉTÉVÉ, à condition qu'elle garde un carac¬
tère spontané et innovant. En revanche, on ne peut
que douter de l'efficacité des propositions faisant la
part belle à la modification de la formation des ensei¬
gnants, à moins de la changer radicalement.
Au regard de la multiplication des études universitai¬
res ou de groupes de recherche d'IUFM portant sur le
lien entre la recherche et la pratique de terrain, des
travaux de l'INRP sur des problématiques autour de
la diffusion des savoirs en éducation, parions sur des
développements à venir.
Cependant, nul doute qu'une nouvelle revue en édu¬
cation aurait beaucoup de mal à trouver des lecteurs
parmi les enseignants : les demandes actuelles sont
trop diversifiées pour qu'une publication généraliste
en éducation soit viable.
Mais la mobilisation des enseignants-lecteurs avec le
soutien des documentalistes pour créer des équipesrelais
responsables de l'information pédagogique, et
l'aval du Ministère de l'Éducation nationale sans
mainmise de sa part constitueraient de bonnes
conditions pour la diffusion d'une véritable nouvelle
culture pédagogique.
110 PERSPECTIVES DOCUMENTAIRES EN ÉDUCATION, N° 49, 2000
Jean-Michel DROUET
IREDU
Université de Bourgogne