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L'impression d'ensemble que l'on ressent à la lecture
de ces résultats est le constat d'une culture ensei¬
gnante unique tant les réponses obtenues conver¬
gent, notamment sur les thèmes dont il est le plus
souvent question dans le champ enseignant (ainsi,
96,1% des répondants sont d'accord pour saluer les
vertus du travail en équipe).
Cela pose le problème purement méthodologique
de rendre compte de représentations à partir de
réponses à un questionnaire écrit. En effet, il n'est
dans ce cas question que d'opinions déclarées par
les sujets de l'enquête. Ainsi pouvait-on s'attendre à
ce que les plus grands lecteurs des publications por¬
tant sur l'enseignement des disciplines citent plus
souvent des objectifs disciplinaires comme objectifs
correspondant le mieux à la définition de la fonction
enseignante. Or, ce n'est pas ce que l'on observe.
Ce travail ne peut dans ces conditions en aucun cas se
permettre de décrire plus en avant les opinions des
enseignants sur l'éducation, mais peut saisir l'occa¬
sion de poser, après d'autres, la question des limites
de ce mode d'enquête.
LES PROJETS
Projets et lectures en éducation ne semblent pas faire
l'objet de lien particulier, sauf peut-être en ce qui
concerne les enseignants ayant participé à un projet
d'action innovante et qui lisent plus que les autres
certaines publications. Cela paraît induire des échan¬
ges quant à ces lectures au cours de réunions de tra¬
vail : c'est surtout vrai en ce qui concerne les
publications sur l'éducation spéciale.
On peut aussi remarquer que les enseignants qui ont
un projet de changement de leur situation profes¬
sionnelle sont moins clients de publications pédago¬
giques et semblent leur préférer celles qui sont les plus
éloignées de l'enseignement (sur la vie et le milieu sco¬
laires, et sur le personnel de l'enseignement).
Quant à ceux qui ont un projet de formation profes¬
sionnelle continue, il semblerait qu'ils s'informent
davantage par le canal des revues spécialisées en éduca¬
tion. Mais est-ce la lecture de ces revues qui les incite à
se former ou cette volonté de se former qui les fait lire ?
LES RÉSEAUX
Force est de constater que les enseignants citant dans
leur entourage un ou plusieurs leaders d'opinion sont
très nettement minoritaires. En outre, si ceux qui
citent comme leader d'opinion un collègue ensei¬
gnant ont plus de chances de lire des publications sur
l'enseignement tous thèmes confondus, on constate
également que les thèmes de lectures peuvent être
sensiblement différents selon la fonction du leader
d'opinion cité : si le fait d'en citer un parmi les ensei¬
gnants syndiqués a pour effet d'augmenter la proba¬
bilité de lire des publications sur les méthodes
d'enseignement et d'évaluation, cela réduit celle de
lire des publications sur la vie et le milieu scolaires,
mais augmente celle d'être informé de ses lectures
par publicité ou par des collègues. En revanche, et
concernant le thème de la vie et du milieu scolaires,
les enseignants lisent plus de publications qui y ont
trait quand ils citent un leader d'opinion parmi les
documentalistes, ce qui est aussi le cas pour les publi¬
cations sur l'orientation et l'emploi (deux thèmes
éloignés de l'enseignement et de la pédagogie), et
sont plus souvent informés de leurs lectures par des
revues spécialisées.
On peut constater un phénomène identique si l'on
regarde la vie sociale des enseignants. Ceux qui
côtoient des professionnels de l'éducation ne tra¬
vaillant pas pour l'Éducation nationale ont une plus
grande probabilité de lire des publications dont le
thème est éloigné de la pédagogie ou spécialisé, et
discutent davantage de leurs lectures en privé ou
occasionnellement avec des collègues d'autres
établissements. Ceux qui côtoient des personnes tra¬
vaillant pour l'Éducation nationale sans être ensei¬
gnantes, qui lisent globalement davantage toutes les
publications sur Téducation, ont une probabilité
cette fois plus faible de lire des publications éloignées
des préoccupations pédagogiques, mais discutent
également davantage de leurs lectures en privé.
Occuper une fonction supplémentaire ou avoir une
activité autre que celle d'enseignant n'a en revanche
que peu d'effet sur les pratiques de lectures en éduca¬
tion, sauf en ce qui concerne les activités associatives
qui paraissent faire augmenter les chances de lire tou¬
tes publications confondues.
De même, les enseignants n'ont pas de pratiques diffé¬
rentes de lectures selon la profession de leur conjoint,
si ce n'est qu'ils lisent globalement moins quand
celui-ci travaille au sein de l'Éducation nationale.
Tout se passe comme si ceux qui, dans leur vie
108 PERSPECTIVES DOCUMENTAIRES EN ÉDUCATION, N° 49, 2000