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jugé non conforme à la réglem<strong>en</strong>tation s'il accordait<br />
le certificat d'aptitude à des élèves-maîtres ne satis¬<br />
faisant pas aux conditions exigées par le Ministère de<br />
l'éducation.<br />
Les élèves-maîtres ont donc été classés par leur éta¬<br />
blissem<strong>en</strong>t pour diverses performances, selon quatre<br />
catégories :<br />
grade 1 : très bon ;<br />
grade 2 : bon ;<br />
grade 3 : passable :<br />
grade 3 (sous-catégorie) : parmi les plus faibles,<br />
mais <strong>en</strong>core passable ;<br />
grade 4 : mauvais, échec probable.<br />
Si un inspecteur donnait à un élève-professeur le<br />
grade 4 dans le cadre d'un cours et le formateur un<br />
grade supérieur, le grade 4, marque d'échec, était<br />
ret<strong>en</strong>u pour ce cours. Lors de la deuxième année de<br />
l'<strong>en</strong>quête (1997-98), la définition de la catégorie 3 a<br />
été modulée, on a distingué les étudiants "capables de<br />
passer sans interv<strong>en</strong>tion particulière" et les élèves<br />
"<strong>en</strong> situation limite" qu'il était préférable, <strong>en</strong> cas de<br />
doute, de reclasser <strong>en</strong> catégorie 4. La conséqu<strong>en</strong>ce de<br />
ces nuances d'interprétation fut que, durant la pre¬<br />
mière année, un élève sur 56 (soit <strong>en</strong>viron 2 % des<br />
élèves), a été classé <strong>en</strong> catégorie 4 et l'année suivante<br />
13 élèves sur 50, soit <strong>en</strong>viron 26 % l'ont été : une telle<br />
différ<strong>en</strong>ce montre que les évaluations ne sont pas sta¬<br />
bles puisque les critères d'admission des étudiants<br />
dans ce programme de formation pédagogique<br />
étai<strong>en</strong>t les mêmes pour la première et la deuxième<br />
année.<br />
Par ailleurs, deux élém<strong>en</strong>ts amoindriss<strong>en</strong>t la fiabilité<br />
des inspections. Le premier élém<strong>en</strong>t est l'époque de<br />
l'évaluation des performances de l'élève-maître :<br />
elle est faite par les inspecteurs six semaines avant la<br />
fin des cours, ce qui prive les stagiaires <strong>en</strong> situation<br />
limite d'une chance d'amélioration reconnue,<br />
d'autant plus que les jugem<strong>en</strong>ts de l'OFSTED ne<br />
sont pas soumis à une pondération comme ceux des<br />
formateurs et des examinateurs. Le second inconvé¬<br />
ni<strong>en</strong>t est la prise <strong>en</strong> compte incomplète du contexte<br />
scolaire dans lequel travaill<strong>en</strong>t les élèves-maîtres :<br />
dans certaines classes et non dans d'autres, les<br />
<strong>en</strong>fants doiv<strong>en</strong>t passer des tests nationaux qui per¬<br />
turb<strong>en</strong>t l'emploi du temps et parfois le comporte¬<br />
m<strong>en</strong>t de ces élèves.<br />
Les inspecteurs p<strong>en</strong>s<strong>en</strong>t pouvoir établir la compé<br />
t<strong>en</strong>ce des étudiants <strong>en</strong> jaugeant ces perturbations,<br />
ce qui n'est pas assuré. L'inspectorat objecte qu'il<br />
utilise deux méthodes de régulation : des assem¬<br />
blées nationales de discussion après les inspections<br />
et l'illustration des critères d'évaluation, lors de la<br />
formation des inspecteurs ; mais ces méthodes de<br />
travail ne peuv<strong>en</strong>t être examinées car elles ne sont<br />
pas publiées. De plus l'attribution de grades, de<br />
notes, à l'établissem<strong>en</strong>t formateur et à l'étudiant<br />
individuel ne correspond pas à des descriptions de<br />
niveau détaillées mais à des formules vagues. La<br />
durée et la nature de la formation spéciale des ins¬<br />
pecteurs n'est pas précisée et, durant cette <strong>en</strong>quête<br />
de deux ans, de nombreux inspecteurs supplém<strong>en</strong>¬<br />
taires ont dû être recrutés et formés de façon<br />
hâtive. Cette pratique n'est pas un gage de fiabilité<br />
des inspections.<br />
Dans la culture d'évaluation <strong>en</strong>visagée ici, du point<br />
de vue de l'État, l'inspection joue le rôle d'ag<strong>en</strong>t de<br />
gestion du marché (<strong>en</strong> l'occurr<strong>en</strong>ce, celui des four¬<br />
nisseurs de formation d'<strong>en</strong>seignants). Pour être<br />
efficace, cette gestion doit s'appuyer sur une ins¬<br />
trum<strong>en</strong>tation aussi rationnelle que possible et<br />
inspirant confiance aux diverses parties impli¬<br />
quées. Le cas de l'Institut d'Education de l'Univer¬<br />
sité de Warwick étudié ici fait partie d'une minorité<br />
non négligeable d'établissem<strong>en</strong>ts de formation<br />
dont la réputation et l'av<strong>en</strong>ir professionnel ont été<br />
compromis par des évaluations discutables.<br />
L'employabilité des élèves-maîtres a égalem<strong>en</strong>t été<br />
mise <strong>en</strong> danger.<br />
Il semble que l'on soit passé, au cours des années 90,<br />
d'un modèle d'inspection caractérisé par une<br />
"connaissance éclairée" permettant d'aider à la déci¬<br />
sion et d'améliorer la qualité de la formation à un<br />
modèle "techniciste" ori<strong>en</strong>té vers le contrôle des<br />
prestataires de formation pédagogique et vers l'appli¬<br />
cation de décisions sans dialogue critique. Les t<strong>en</strong>¬<br />
sions <strong>en</strong>tre une aspiration à l'amélioration du service<br />
grâce à l'évaluation et la réalité d'une inspection<br />
contraignante, imposant des normes, ne sont pas<br />
résolues.<br />
D'après : CAMPBELL, Jill and HUSBANDS, Chris. On<br />
the reliability of OFSTED inspection of initial trai¬<br />
ning : a case study. British Education Research Journal,<br />
Jan. 2000, vol. 26, n° 1, p. 39-48.<br />
132 PERSPECTIVES DOCUMENTAIRES EN ÉDUCATION, N° 49, 2000