Loup d'aveugle

Cyrus m’a jeté un coup d’œil à la dérobée.
ŕ Tu ne pourrais pas faire quelque chose ?
ŕ Je réfléchis !
Le sort que Jason m’avait lancé faisait toujours effet sur mes
nerfs, comme un mal de dents persévérant : il se répercutait
dans mon crâne et martelait mes os.
ŕ C’est toi, la prof, a-t-il ajouté avec impatience. Tu n’as pas
deux ou trois surprises ? Des trucs que tu ne leur as pas encore
appris ?
ŕ Si. Mais ils sont tous mortels.
ŕ Je ne vois pas en quoi ça pose problème !
ŕ Je n’ai pas envie de tuer mes étudiants !
ŕ Dommage qu’ils ne partagent pas ce sentiment. Et je ne
vais pas mourir pour t’éviter de perdre une partie de ta classe de
dernière année ! Alors, si tu ne veux pas que je m’en charge,
bouge-toi !
ŕ Il doit y avoir une explication ! ai-je rétorqué, acculée.
ŕ Peut-être. Mais si on ne fait rien, on ne vivra pas assez
longtemps pour l’entendre !
Il avait raison. On a quitté le jardin. Évitant la porte de la
cuisine, qui brûlait encore à grand renfort de flammes et de
fumée noire qui s’élevaient en tourbillonnant, on a longé le mur
donnant sur le salon. Mais on est tombés nez à nez avec un
autre de mes étudiants, un Afro-Américain dégingandé appelé
Kyle. Il nous attendait. Ses armes se sont jointes à la mêlée et
mes boucliers ont rendu l’âme. On était officiellement dans la
panade.
Et mince ! Mon agent d’assurance allait décidément avoir
une attaque. J’ai utilisé le peu d’énergie qui me restait pour
arracher un bout du mur du salon. On s’est frayé un chemin par
l’ouverture et Cyrus a poussé le meuble télé en travers de la
brèche. On s’est rués dans la salle à manger et j’ai grimpé sur la
table. Une des poutres du plafond s’était partiellement
effondrée : elle était encore fixée à l’étage d’un côté alors que de
l’autre, elle reposait sur la table. Elle était presque aussi large
qu’une poutre de gym et inclinée de façon à former une pente
assez douce. Ce n’était pas aussi bien qu’un escalier, mais ça
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