Loup d'aveugle

Je n’ai pas réussi à maîtriser mon expression jusqu’au bout.
Simons a écarquillé les yeux.
ŕ Vous n’êtes pas du tout venue me faire cracher du fric.
Et merde. J’étais sûre que ça n’allait pas marcher. J’ai
dégainé mon pistolet et je l’ai braqué sur lui.
ŕ Où est-il ?
Mais j’ai dû me plaquer au sol pour esquiver le sort qu’il
venait de jeter dans ma direction. Ce dernier a heurté l’étagère
métallique située derrière moi avec la puissance d’une massue.
Le meuble a basculé et une série de cartons de déménagement
encore pleins a dégringolé sur moi. L’un d’entre eux s’est écrasé
sur mon crâne et un autre a cogné mon épaule. La plaie s’est
rouverte et le sol, devant moi, s’est couvert de gouttelettes
rouges.
Je me suis remise debout en titubant, j’ai glissé sur mon
sang et je suis retombée. J’ai fini par retrouver l’usage de mes
jambes et je me suis précipitée à ses trousses, dans le bureau d’à
côté. Il n’y avait personne en vue. Et mince ! Il avait déjà
disparu par la porte donnant sur le couloir.
Je me suis ruée à sa poursuite mais j’ai ressenti une forte
secousse à l’intérieur de ma poitrine et la pièce s’est mise à
tournoyer. Ensuite, on m’a saisie par-derrière et traînée jusqu’à
la porte. Le couloir n’avait plus rien de désert. Une demidouzaine
de mages bloquaient l’accès à l’escalier et trois autres
étaient postés devant le seul ascenseur en état de marche.
Simons s’est quand même avancé vers l’appareil mais il s’est
hérissé en entendant la voix de son patron.
ŕ Ben ! Espèce de petit crétin !
Simons a fait volte-face et m’a entraînée avec lui. J’ai aperçu
Hargrove s’approcher de nous dans le couloir. Il était tiré à
quatre épingles, comme toujours. Il n’avait pas un cheveu qui
dépassait, pas un pli à sa veste noire très classe. Il avait même
un petit mouchoir de poche jaune placé bien en évidence audessus
du cœur.
Sans me lâcher, Simons a bondi violemment contre le mur. Il
me tenait toujours devant lui, comme un bouclier : lorsqu’il m’a
tirée en arrière, j’ai eu l’impression que mon cerveau se
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