Loup d'aveugle

probablement à la repérer quand elle se déplacerait. Sauf si elle
le faisait très lentement.
Ma jambe me faisait de nouveau mal mais je me suis quand
même dépêchée de traverser la rue, sans savoir quelles autres
surprises désagréables elle me réservait. Mes boucliers étaient
loin d’être gonflés à bloc : un nombre considérable de choses
pouvaient les traverser. Je me suis dirigée vers une benne à
ordures située non loin de sa dernière position. Je voulais être
aussi proche que possible pour tirer. C’était un assassin, pas une
mage guerrière : ses boucliers ne tiendraient pas bien
longtemps. Mais encore fallait-il que je la déniche. Et qu’elle ne
me descende pas avant.
Je n’étais pas encore arrivée à destination qu’un autre sort
s’est fracassé par terre. Cette fois, il s’agissait d’un disrupteur,
d’une violence équivalant à vingt grenades humaines. Il m’a
projetée en l’air puis envoyée valdinguer contre la façade d’un
immeuble voisin. Si mes boucliers ne m’avaient pas protégée, la
violence de l’atterrissage m’aurait pulvérisé les os. Mais j’ai
rebondi contre les briques, je me suis affalée sur l’asphalte et je
me suis remise aussitôt debout. Juste à temps pour apercevoir
l’air former des vaguelettes dans une rue perpendiculaire. Et
mince ! Je l’ai suivie, l’arme au poing, et j’ai activé le tatouage à
mon bras gauche. Il représentait un grand-duc et c’était mon
père qui me l’avait offert quand j’étais entrée dans le Corps. Je
ne l’utilisais qu’en cas d’extrême nécessité. Il s’alimentait en
partie grâce à l’énergie du monde naturel, comme un talisman
et en partie en pompant mes propres réserves. Mais vu la
situation, ça valait le coup de sacrifier un peu de pouvoir.
Aussitôt, ma vision est devenue claire et nette : même en
plein jour, je n’y voyais pas aussi bien. Et comme le prédateur
tatoué sur mon bras, j’étais plus à même de détecter le moindre
mouvement. Malheureusement, il n’avait pas l’air d’y en avoir.
Soudain, tout m’a semblé d’un calme mortel. J’avais
l’impression de porter les protections auditives de la salle de tir.
Un frisson de peur est remonté le long de mon échine. Pendant
un moment, j’ai pensé sérieusement à me lancer un sort de
camouflage. J’étais censée être le chasseur, pas la proie, mais
pour une raison ou une autre, j’avais l’impression que c’était
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