Loup d'aveugle

lui tordis les bras dans le dos, jusqu’à ce que ses épaules
menacent de se déboîter. J’étais de nouveau prêt pour un âpre
combat. Ma disparition avait soigné mes blessures. Je n’avais
plus aucune contusion au flanc, et ma migraine avait cessé.
Escott nous rejoignit, notre cliente dans son sillage.
ŕ Que faire de lui ? demandai-je.
Si nous le laissions partir, nul doute qu’il s’empresserait
d’appeler la cousine Agnès.
ŕ Je propose une sieste réparatrice.
Escott déplaça le faisceau de sa lampe. Je retournai Riordan
et me calmai. Je ne pouvais me permettre de laisser mes
émotions prendre le dessus. Sinon, elles ajouteraient à la
pression, menaçant de façon irréversible l’intégrité de l’esprit du
sujet.
Riordan pantelait, son visage était rouge, ruisselant de
sueur, mais son regard brun était alerte et méfiant. Il leva les
bras pour parer une éventuelle agression physique. Je le
regardai droit dans les yeux en lui disant de m’écouter, tout
comme je l’avais fait avec Mlle Weaver. Sauf que rien ne se
produisit.
Je sentis le nœud coulant se resserrer autour de ma tête sous
le coup de l’effort, mais Riordan restait parfaitement conscient.
D’après son haleine, il était sobre, ce qui ne laissait qu’une
explication possible.
ŕ Charles… Il est fou.
Riordan sourit.
ŕ Nous autres, les Irlandais… sommes une race de fous…
c’est du moins ce que les gens disent, haleta-t-il. Mais… qu’estce
que ça peut te faire ?
Escott renifla.
ŕ Cela ne me surprend pas. Il a néanmoins besoin d’une
sieste.
ŕ Entendu, répondis-je.
Je m’exécutai selon la bonne vieille méthode. Riordan tourna
de l’œil et glissa le long du mur, ses jambes ayant cédé sous son
poids. Mlle Weaver poussa un petit cri.
ŕ Mon Dieu, vous l’avez tué ?
ŕ Pas encore.
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