Loup d'aveugle

Je surveillai Nielsen du coin de l’œil tandis qu’elle
s’approchait de moi.
ŕ Elle est faible, voilà ce qu’il y a, dit Nielsen. Et tu es le
suivant sur ma liste. Personne ne peut arrêter la Rouquine.
Je rassemblai ma magie autour de moi, en une boule
d’énergie protectrice. Je n’allais avoir qu’un seul essai.
ŕ La Rouquine va te tuer, Sunny Swann, chantonna Nielsen.
Quel effet ça fait ?
ŕ Oh, la ferme. On sait tous que c’est pas ta couleur
naturelle.
La magie jaillit de ma baguette, fendit l’air en sifflant et
frappa, tel un bélier, le bouclier que Nielsen eut à peine le temps
d’invoquer. Elle fut projetée contre le mur, de la fumée
s’échappant de ses doigts et de sa baguette. Je l’éperonnai
encore avec mes dernières forces et m’effondrai au sol, cette
fois-ci pour de vrai. La dernière chose que je me rappelle, c’est
d’avoir vu Luna se tenir au-dessus de moi, du sang coulant de sa
lèvre entaillée, avec un sourire jusqu’aux oreilles. Le médecin de
la prison nous examina, puis nous laissa partir. Luna passa un
appel radio, demandant à ce qu’on vienne chercher Nielsen et
Bentley, lequel avait l’air de s’être pris un camion en pleine face.
Puis elle demanda aux fédéraux de transférer Trotter dans une
autre prison. Il me jeta à peine un regard quand nous passâmes
devant sa cellule.
ŕ Il n’y a pas de quoi, lui lançai-je d’un ton méprisant.
ŕ T’as fait du bon boulot, Sun, me dit Luna en s’approchant
de la voiture.
J’étais assise sur le capot, laissant le soleil me réchauffer.
J’avais mal partout après mon combat contre Nielsen, et ma tête
bourdonnait de l’écho qui résonnait dans le vide de mon
réservoir d’énergie.
ŕ C’est toi qui m’as tout appris.
Luna balaya cette phrase de la main.
ŕ Non, t’as du cran, gamine. Tu devrais le montrer plus
souvent.
ŕ Luna ? dis-je en glissant du capot et en ouvrant la porte du
côté passager. C’était très sympa de déjouer une conspiration
maléfique, mais si jamais tu m’entends dire que je devrais
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