Loup d'aveugle

Il tira sur la ficelle d’une ampoule pendue au plafond et je
laissai échapper un petit cri.
Le corps de Matthew gisait au sol.
J’eus un mouvement de recul, tremblant de tout mon corps
et Bentley s’esclaffa.
ŕ N’ayez pas si peur. C’est juste l’original. La copie
améliorée est bien vivante. Vous l’avez croisée à la fête hier soir.
ŕ V… Vraiment ?
Le corps du procureur était gonflé d’humidité et des spores
de moisissures s’étaient formées aux coins de la bouche et du
nez. Son cou était barré d’une entaille coagulée qui en disait
long sur ses derniers moments aux mains de Bentley.
ŕ Oui, fit Nielsen. Et je dois dire qu’il avait l’air de vous
apprécier.
ŕ Il n’a plus que trois jours au maximum, lui rappela
Bentley d’une voix ennuyée. Et je n’arriverai jamais à lancer un
nouveau sort avec le sang de ce cadavre à moitié pourri.
Nielsen traversa la salle en se déhanchant comme un
mannequin, puis donna un coup de pied au cadavre du bout de
ses Jimmy Choo.
ŕ Hum. Vous avez raison. Heureusement, je pense pouvoir
convaincre le juge Battleaxe d’annuler le procès. Avec toutes ces
histoires d’attentats à la bombe… Du coup, Matthew n’aura plus
à se montrer en public. Et là, un bon petit accident de voiture.
Un accident tragique, sans l’infamie de l’alcool ou de la
prostitution. Ensuite, un petit incendie pour détruire tout signe
extérieur de magie.
ŕ Non, mais vous êtes malades ? ! m’exclamai-je, ma voix
résonnant dans la salle. Vous remplacez les gens par des
copies ? C’est dégueulasse !
ŕ Ça y est, elle a compris ! se moqua Nielsen. En général, on
préfère les garder vivants, mais Matthew était intenable. Il s’est
défendu comme un lion face à Bentley.
Me laissant cette image dans la tête, Nielsen se dirigea vers
un interphone et s’exclama :
ŕ Descendez ! On vous attend !
Bentley fit faire le tour de la pièce aux enfants, puis tira un
coup sec sur mes menottes pour m’amener au centre. Je jetai un
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