Loup d'aveugle

ouvris les yeux pour contempler le plafond. Je ne connaissais
que trop bien ce sentiment. Aucune chance de me rendormir.
Je me glissai hors du lit, m’enveloppai dans un peignoir en
soie et descendis les escaliers.
Andy se tenait à côté de la fenêtre et regardait au dehors.
Devinant ma question, il répondit :
ŕ Je vais bien.
ŕ Menteur.
J’avais rapporté ma valise noire de la voiture et l’ouvris d’un
coup sec pour attraper la seconde fiole de son traitement. La
fiole semblait très légère. Et pour cause : elle était vide.
Je la regardai fixement avec horreur et consternation
pendant quelques secondes, puis la reposai sur son support et
attrapai la troisième. La quatrième. Les flacons étaient tous
vides.
J’extirpai tout le contenu de la valise. Vide, vide, vide !
Andy se retourna en entendant mon souffle affolé et le
tintement du verre. Il fronça les sourcils.
ŕ Qu’est-ce qu’il y a ?
ŕ Ce n’est pas… On a fouillé ma valise.
Respire, me dis-je. Allez, réfléchis. La valise Ŕ avec son
contenu intact Ŕ était restée près de moi, à la morgue.
Constamment ? Non. Je l’avais posée dans un coin de la salle
d’observation et nous étions tous deux partis avec l’inspecteur
Prieto pour examiner les dossiers. J’avais laissé la valise sans
surveillance.
ŕ Les potions… elles ont disparu.
Andy fit un pas vers moi, puis s’arrêta. Ses yeux bleus étaient
légèrement écarquillés.
ŕ Toutes ?
ŕ Toutes.
J’abandonnai la valise et fonçai dans la cuisine. J’ouvris le
réfrigérateur. Les quatre doses que j’avais gardées sous la main
en cas d’urgence avaient disparu. Je trouvai les flacons dans la
poubelle, vides.
ŕ Oh mon dieu, murmurai-je.
Les mains d’Andy effleurèrent mes épaules et je le sentis
derrière moi, fort et vivant.
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