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Loup d'aveugle

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utalement, elle parvint à se libérer et me tira dessus. La<br />

détonation de l’arme aurait pu rivaliser avec le tonnerre.<br />

Moins de trois mètres nous séparaient, mais elle manqua sa<br />

cible. Ce qui n’a rien d’étonnant de la part de quelqu’un qui n’a<br />

jamais fait feu, sans parler de son état nerveux.<br />

Cela dit, même un tireur inexpérimenté et sur les nerfs peut<br />

avoir de la chance. Il était temps de quitter les lieux.<br />

Je battis rapidement en retraite dans la salle à manger.<br />

Riordan, pas si fou finalement, me devançait de peu,<br />

progressant tant bien que mal en direction de la cuisine.<br />

Agnès tira de nouveau en hurlant une grossièreté. Nous nous<br />

ruâmes vers le vestibule, jouant des épaules pour en franchir la<br />

porte et luttant pour sortir en premier. Riordan se mit de profil<br />

et parvint à se glisser devant moi, puis il franchit la porte de<br />

derrière en quatrième vitesse pour se retrouver sous la pluie,<br />

avec moi sur ses talons.<br />

Il fonça vers le bas de l’allée, certainement pour récupérer sa<br />

voiture. Nous aurions mieux fait de le ligoter et de le bâillonner.<br />

Il avait tout du roi de l’évasion. Il regarda en arrière une seule<br />

fois et ses dents blanches brillèrent.<br />

ŕ À la prochaine ! hurla-t-il avant d’accélérer encore.<br />

La Nash d’Escott était toujours là, les clés et le Webley<br />

déposés sur le siège avant. Mabel et Escott, quant à eux, se<br />

trouvaient effectivement dans le coffre, si j’en croyais les cris et<br />

les coups assourdis qui me parvenaient, mais ils allaient devoir<br />

patienter.<br />

Je démarrai le moteur, enclenchai une vitesse, et quittai en<br />

trombe l’abri qu’offrait la porte cochère. Le martèlement de<br />

l’eau sur le toit reprit avec force, mais la pluie ajoutée à<br />

l’obscurité ambiante dissimulerait le véhicule à la vue d’Agnès<br />

et, avec un peu de chance, l’empêcherait d’ajuster sa visée. Je ne<br />

ralentis pas pour m’en assurer.<br />

Lorsque j’estimai m’être assez éloigné, je coupai le moteur,<br />

disparus et rebroussai seul mon chemin en direction de la<br />

maison. J’étais battu par le vent, et la pluie constituait un<br />

désagrément saisissant. J’étais secoué de tremblements<br />

désagréables qui ne se manifestent habituellement que quand je<br />

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