Loup d'aveugle

en bas, j’entrevis une chevelure rousse disparaître derrière la
grande porte de l’autre côté de la salle. Un couple passa devant
moi et la porte se referma.
ŕ Tout va bien, dit Matthew. Je vous tiens.
ŕ Il faut que j’aille aux toilettes, dis-je en me dégageant de
son étreinte puissante, héroïque. Et après cela, j’aimerais bien
discuter de la raison pour laquelle j’ai été invitée ici.
ŕ Je vais le dire à Martha. Mais revenez vite. J’aurais l’air
idiot si vous décidiez de vous enfuir.
ŕ Je ferai de mon mieux, dis-je avant de me diriger vers la
porte, parvenant à garder mes pieds dans ces fichues
chaussures. Je n’avais pas vraiment besoin de faire pipi. L’art du
subterfuge n’était pas si compliqué que ça, après tout. Je me
glissai à l’intérieur, emboîtant le pas à la personne que j’avais
entraperçue.
ŕ Il y a quelqu’un ?
Une porte grinça et claqua au loin. Hormis la salle de bal, la
maison était sombre et sinistre. Les murs étaient lambrissés
d’ébène et peints en rouge, et des portraits suspendus dans des
alcôves éclairées fixaient leurs regards sévères sur moi. Martha
Hanover avait des ancêtres d’une laideur à faire peur.
ŕ Il y a quelqu’un ? murmurai-je en marchant à pas de loup
sur le tapis.
Je dénichai mon émetteur et le remis en place. Seuls
quelques parasites crépitèrent dans mon oreille.
ŕ Super, marmonnai-je.
Soudain, je ne me sentais plus aussi intrépide. Rien de mieux
qu’un loup-garou hurlant dans votre oreille pour vous donner
courage.
Je marchai jusqu’au bout du couloir, ouvrant toutes les
portes sur mon chemin. Des chambres, un bureau, une
buanderie. Pas de cadavre ni quoi que ce soit. Tout était
silencieux, et le silence me fichait la frousse. C’était comme si la
maison retenait sa respiration dans l’attente de l’explosion.
Le couloir se terminait par une porte en bois brut, à la
peinture effritée, fermée à clef. Je la secouai et regardai derrière
moi. L’ombre enveloppait la scène. Je fouillai dans mon sac et
serrai ma baguette magique. Je sentis un picotement au bout
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