Loup d'aveugle

ŕ Il a dû se renseigner. Peut-être s’est-il rendu dans une
bijouterie.
ŕ Que savez-vous de son passé ?
Elle haussa les épaules.
ŕ Il dit venir de la Nouvelle-Angleterre, mais son accent
indique Détroit. Nous devons y aller. Agnès pourrait tout aussi
bien avoir déjà descendu l’Œil d’Hécate, et tous nos efforts
seraient alors inutiles.
Je m’éclaircis la voix.
ŕ Même si c’était le cas, nous pourrions le récupérer.
Mabel me jeta un regard en coin.
ŕ Et comment, je vous prie ?
ŕ Sans la moindre violence, rassurez-vous. Mais je pourrais
avoir une discussion avec eux, leur faire entendre raison.
ŕ Je ne vois pas comment vous les convaincriez sans avoir
recours à la force.
ŕ Mon associé sait se montrer à la fois très apaisant et très
persuasif, y compris avec les sujets les plus récalcitrants,
expliqua Escott.
ŕ Vous vous exprimez toujours de cette façon ?
ŕ De quelle façon ?
Elle fit un vague geste de la main.
ŕ Entendu. Mais essayons d’abord ma méthode. Je vais
ouvrir la porte et vous demander de me suivre. En silence.
Pendant le trajet en voiture, elle nous avait fait part de son
plan d’attaque qui consistait à gagner subrepticement l’étage et,
tandis qu’Escott forcerait la serrure de la chambre, je monterais
la garde.
Bien entendu, j’aurais pu m’introduire dans la pièce à ma
façon, en me dématérialisant pour me glisser sous la porte, mais
Mabel n’avait pas à être témoin de ce genre de chose. C’était sa
soirée après tout, autant la laisser s’amuser. Elle descendit de la
voiture en prenant soin de ne pas en claquer la portière. Escott
et moi l’imitâmes avant d’entrer dans la bâtisse par une espèce
de vaste vestibule. Je n’avais besoin d’aucune invitation pour
pouvoir franchir le seuil d’une maison : tu peux aller te
rhabiller, Bram Stoker ! Mabel ôta ses chaussures et nous fit
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