Loup d'aveugle

ŕ Salut, dis-je en glissant mon sac sur l’épaule avant de me
diriger vers les ascenseurs. N’essaie pas de me convaincre. Je ne
fais plus de vacations. Plus maintenant.
ŕ Je sais, dit Sam.
Il avait la voix grave et rauque, le genre de voix qui évoque
immédiatement une vie bien chargée en cigarettes et whisky.
Mais ce n’était qu’une impression. Pour ce que je savais de lui, il
aurait très bien pu mener une existence de moine. Sam et moi
n’étions pas vraiment intimes ; il n’était pas très sociable.
ŕ Je n’essaie pas de te persuader, H crois-moi. Je suis
content que tu aies refusé.
ŕ La ferme, fit une troisième voix, masculine, sinistre et
totalement inconnue.
ŕ Bon sang, c’est qui ça ? laissai-je échapper. Sam…
ŕ L’inspecteur Daniel Prieto.
ŕ Sam, tu m’as mise sur haut-parleur ? Il ne m’avait jamais
piégée auparavant.
ŕ Hé, c’est les flics. J’avais pas le choix.
ŕ Écoutez-moi bien. (La voix de Prieto couvrit celle de Sam.)
On ma dit que vous étiez la meilleure dans votre domaine et j’ai
besoin de la meilleure. De plus, vous étiez déjà en relation avec
le… sujet.
Ma bouche devint sèche et je m’arrêtai pour m’appuyer
contre le mur. Quelques collègues passèrent devant moi et me
jetèrent des regards curieux ; je n’avais aucune idée de la tête
que je faisais, mais elle devait être à la fois inquiétante et peu
engageante. Personne ne s’arrêta. J’essayai de parler mais rien
ne sortit de ma bouche.
ŕ Holly, tu es là ?
C’était Sam. J’entendais toujours Prieto respirer.
ŕ Oui, parvins-je enfin à articuler. De qui s’agit-il ?
Ce n’était pas vraiment une question. Je n’avais eu de
relation qu’avec un seul mort. C’était le seul vacataire que j’aie
jamais ressuscité. Prieto répondit à sa place :
ŕ Andrew Toland.
Je fus prise d’un haut-le-cœur et de bouffées de chaleur. Il
fallait que je m’assoie. Jamais une chaise aux environs quand on
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