Loup d'aveugle

maison. Juste après l’aube, Brax me réveilla. Il se tenait devant
ma porte, l’air affligé. Carmen Miranda Everhart Newton,
sorcière de l’air, jeune mariée et future maman, et son mari
avaient été attaqués chez eux. Tommy Newton était mort. Ma
petite sœur avait disparu et était présumée morte. L’attention
des médias nationaux avait été attirée et leurs fourgonnettes
affluèrent en ville, l’une s’installant dans le parking de la
boutique. Transies de peur, mes sœurs fermèrent leur
commerce et se réunirent chez moi pour discuter de ce que nous
pouvions faire, pleurer et préparer les funérailles la mort dans
l’âme.
Je passai la journée et le début de soirée à serrer mes enfants
dans mes bras, regarder les informations à la télé sur l’« attaque
des vampires » et concevoir des charmes offensifs et défensifs.
Avec les sorts qui n’avaient pas fonctionné, je fabriquai des
avions en papier que je fis voler à travers la pièce, à la plus
grande joie de mes bébés et de mes quatre nièces et neveux
humains. Il fallait que je trouve quelque chose. Quelque chose
qui protégerait la personne qui irait sous terre pour venger ma
sœur.
Jane était assise à l’écart, ses santiags, son jean et son teeshirt
contrastant avec les hauts simples, les jupes en patchwork
et les sandales en chanvre que nous portions mes sœurs et moi.
Elle ne parlait pas beaucoup, buvait juste du thé et mangeait
tout ce qu’on lui offrait. Vers la tombée de la nuit, elle vint me
trouver et me dit doucement :
ŕ Il faut que vous me conduisiez. À la mine.
Je la regardai, le chagrin m’empêchant d’ouvrir la bouche,
rendant ma respiration difficile.
ŕ Il me faut des biftecks, ou un rôti. Vous en avez un dans le
congélateur, au garage. J’ai regardé. Faites-le décongeler au
micro-ondes, laissez la portière de votre voiture ouverte. Je me
transforme derrière la maison, j’entre à l’intérieur et
m’accroupis. Vous trouvez une excuse, me conduisez à la mine
et revenez avec cinq litres de lait ou autre chose.
ŕ Pourquoi ? demandai-je. Je ne comprends pas.
Avec ses yeux qui flamboyaient d’un éclat fauve, Jane
ressemblait à un prédateur, prêt à chasser. Excité à cette idée.
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