Loup d'aveugle

Un petit matin bleuté, le soleil venant à peine de se lever.
Voitures et camions de livraison s’engageaient tour à tour dans
la rue. Je fonçai au milieu de la rue et agitai les bras comme une
folle, attirant l’attention du camionneur le plus proche.
ŕ Tout va bien, ma belle ?
ŕ Non ! hurlai-je. Appelez la police !
Le livreur me prêta son téléphone portable et j’appelai le
commissariat, tombant d’abord sur Rick, l’agent d’accueil avant
d’être transférée au lieutenant Mac Allister.
ŕ Mac, dis-je. Mac, j’ai besoin d’aide… il y a des enfants…
enfermés dans des cages.
Finalement, je parvins à lui débiter toute l’histoire. Je ne sais
pas combien de temps s’écoula avant que Mac déboule avec
toute une escouade, flanquée d’ambulances et autres véhicules
officiels… Je m’assis au bord du trottoir, hébétée, sous le choc.
J’avais failli mourir. Il ne s’en était fallu que d’un cheveu. Mais
j’étais bien vivante Ŕ assise sur un trottoir, épuisée, vêtue d’une
robe sale et bien trop grande pour moi.
Une paire de gros godillots s’arrêta brusquement devant
moi.
ŕ Sunny ? fit Luna d’une voix étranglée en laissant tomber
son gobelet de café sur le trottoir.
ŕ Luna !
Le chaos régnait autour de nous, des policiers emportaient
les enfants dans leurs bras, d’autres fouillaient la maison, radios
et sirènes emplissaient l’air tel le piaillement d’oiseaux
électriques. Madison me regarda pendant qu’un médecin la
transportait dans l’ambulance, mais elle était trop faible pour
faire le moindre geste et elle me dévisageait, les yeux vides.
J’avais besoin d’oublier cette nuit passée sous terre, la
sombre résignation sur le visage des enfants. Je me dirigeai vers
ma cousine pour la prendre dans mes bras Ŕ et m’arrêtai net.
Je me tenais à quelques pas derrière elle.
Tenter de se décrire tombant nez à nez sur son sosie, c’est
comme tenter de décrire une visite à la chocolaterie de Wally
Wonka Ŕ rien de ce que vous pourrez dire n’approchera de ce
que vous avez ressenti.
ŕ Luna ! lança-t-elle avec insistance. Qui est-ce ?
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