Loup d'aveugle

ŕ Qu’est-ce que vous avez ? lui demanda Jane.
Quand il lui répondit, elle secoua la tête et lui tendit une
boîte de munitions.
ŕ Des cartouches de fléchettes en argent, faites à la main, de
quoi tuer un vamp. Elles leur infligent des blessures mortelles.
Un coup direct au cœur les butera.
ŕ Sympa, commenta Brax en enlevant les munitions d’un
fusil de chasse et en le rechargeant tout en nous observant.
Ainsi, nous avons une sorcière de la terre, son mari, une
chasseuse de vampires et moi. On va leur botter le cul, les gars.
Satisfait, il s’avança en nous bousculant et passa devant. Une
fois à l’intérieur, nous marchâmes tous quatre de front tandis
que mes sœurs installaient un poste de commandement à
l’entrée. Derrière nous, j’entendis les trois sorcières psalmodier
des incantations de protection pendant que Regan et Amelia
commençaient à prier.
Nous passâmes devant plusieurs corps démembrés. Mon don
de la terre se rétracta, se refermant. Il y avait trop de morts.
J’avais espéré pouvoir sentir la présence des vampires parias ;
néanmoins, avec mon don ainsi agressé, je doutais d’être
d’aucune aide. L’odeur de viande rancie et de sang pourrissant
était plus qu’horrible. Des exhalaisons de charnier. Je cessai de
regarder après le premier membre : un bout d’une jambe de
jeune femme.
Mis à part la puanteur et les morceaux de corps, les cent
premiers mètres se révélèrent faciles. Au-delà, la situation
devint catastrophique. Nous entendîmes chanter, une chanson
enfantine.
ŕ « Vive le vent, vive le sang, vive le sang d’la guerre…» Non.
« Vive le vent, cou sanglant…» Non. J’me rappelle pas. J’me
rappelle pas…
La voix s’interrompit, comme tranchée au couteau.
ŕ Des gens, chuchota-t-elle, les mots se répercutant dans la
mine. Du sang… Et elle fut sur nous.
Un visage pris dans le faisceau lumineux. Un animal vorace.
Des crocs étincelants. Des yeux rouge sang avec en leur centre
des pupilles plus sombres que la nuit. Des ongles comme des
griffes noires. Elle renversa Evan d’un coup ample. Je hurlai. Du
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