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Loup d'aveugle

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l’inverse. D’un autre côté, je n’avais pas beaucoup d’énergie en<br />

stock, et ce type de sortilège en demandait beaucoup. J’ai donc<br />

décidé de ne pas me camoufler.<br />

J’avais toujours été très fière de mon sixième sens. Il me<br />

permettait de sentir le danger et de rester vigilante. D’habitude,<br />

j’étais presque soulagée quand la menace finissait par devenir<br />

réelle. Mais cette fois, je ne ressentais absolument rien.<br />

À ma grande surprise, j’ai atteint le coin de la rue sans aucun<br />

problème. Pour la énième fois de ma vie, j’ai regretté ne pas<br />

avoir hérité des sens surdéveloppés de ma mère. Ce n’était<br />

vraiment pas de chance. Si j’en croyais mes oreilles humaines,<br />

personne ne bougeait dans la rue. Personne ne respirait.<br />

Soudain, une porte s’est ouverte et un couple est sorti. L’homme<br />

était saoul de toute évidence et la femme totalement<br />

euphorique. J’ai aperçu, du coin de l’œil, une ombre courir le<br />

long des immeubles, profitant de la diversion causée par les<br />

éclats de rire du couple. Je me suis ruée à ses trousses. Aussitôt,<br />

les réverbères se sont mis à clignoter et un chœur de<br />

grognements furieux s’est réverbéré contre les façades, derrière<br />

moi. Le couple m’a vaguement regardée quand je les ai<br />

dépassés, mais ils ne se sont pas retournés pour voir ce qui me<br />

faisait fuir. Il s’agissait donc d’une autre illusion.<br />

J’ai accéléré, mais les halètements rauques ont retenti de<br />

plus belle sur mes talons. J’avais beau me dire que ces bruits<br />

étaient le fruit de mon imagination, ça me mettait quand même<br />

les nerfs à vif. J’ai couru encore plus vite, tête baissée, ignorant<br />

ma jambe douloureuse, qui était passée du stade de<br />

l’élancement à celui du supplice continu.<br />

Je me concentrais sur le fil d’Ariane de mon sort de<br />

localisation, indifférente aux distractions venues de l’extérieur,<br />

lorsqu’une rafale de balles a heurté mes boucliers. L’espace d’un<br />

instant, je me suis demandé si elles étaient réelles. Mais lorsque<br />

l’une d’entre elles a fait exploser le réverbère situé au-dessus de<br />

ma tête, j’ai plongé dans une ruelle pour me mettre à couvert.<br />

Une légère odeur de fumée électrique m’a suivie et s’est<br />

répandue à mes pieds, mais personne d’autre n’a fait irruption<br />

dans la ruelle. Pourtant, les grognements étaient toujours à mes<br />

trousses.<br />

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