Loup d'aveugle

C’était une ensorceleuse qui essayait de combler le vide laissé
par la mort du clan O’Halloran. Elle était extrêmement
puissante, cruelle, et complètement givrée.
Rien de tout cela n’expliquait pourquoi elle me tenait
captive. Étais-je la dernière pièce d’un puzzle qui m’avait
échappé ? Est-ce que Nielsen allait me servir le couplet habituel
du méchant qui deviendrait bientôt maître du monde ? La
lumière s’alluma brusquement et j’entendis au loin s’ouvrir la
porte de la cave donnant sur la maison des Hanover. Nielsen et
Bentley entrèrent, une paire de menottes se balançant au bras
de Bentley.
ŕ Si vous croyez que je vais porter ça, vous vous fourrez le
doigt dans l’œil, lui dis-je.
Il m’adressa un sourire et rajusta ses lunettes.
ŕ J’ai goûté à votre sang, Rhoda. Vous tenez vraiment à
employer ce ton si agressif avec moi ? Songez un peu à ce que je
pourrais faire au reste du sang qui coule dans vos veines.
Je cédai. Il avait raison, le salaud. Aucun sorcier ne cherche
des noises à un Adepte du Sang s’il peut l’éviter. Ce sont des
êtres vils et cruels qui n’ont pas besoin de baguette pour
invoquer la magie. Heureusement, ils semblent avoir un taux de
mortalité bien plus élevé que les autres sorciers. Bizarrement,
jouer avec le sang et la magie noire finit souvent par se
retourner contre vous. Nielsen fit le tour de la pièce, désignant
quelques enfants au passage. Bentley la suivait et ouvrait les
portes concernées avec un gros trousseau de clés. Les enfants
s’alignèrent au centre de la salle avec une docilité
déconcertante. Nielsen s’arrêta devant moi.
ŕ Vous serez sage, mademoiselle Swann ?
Je lui lançai un regard noir. Elle portait un tailleur en lin de
couleur verte et ses cheveux étaient relevés en chignon.
Comment osait-elle avoir l’air si élégante alors que j’avais passé
la nuit dans une fichue cage ?
ŕ Mademoiselle Swann, répéta-t-elle. Puis-je compter sur
votre coopération ?
ŕ C’est ça, oui. Compte là-dessus, grondai-je.
Bon sang, je commençai à parler comme ma cousine.
Nielsen soupira.
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