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Loup d'aveugle

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ŕ Silence ! s’écria Gage d’un ton cinglant, en passant la main<br />

sur le visage de Michael.<br />

Ce dernier essaya de parler mais ne put émettre un son. Ses<br />

yeux, pourtant, ses beaux yeux bleus étaient emplis de panique.<br />

Je fermai les miens. J’essayai de lutter, mais je sentais la<br />

noirceur s’épanouir dans ma poitrine et irradier mon corps.<br />

C’était comme la lente brûlure d’un bon whisky, multipliée par<br />

mille.<br />

ŕ C’est ça, dit Gage, qui se releva avec difficulté et<br />

s’approcha de moi. Est-ce que tu sens cette obscurité en toi<br />

maintenant, qui prend le pouvoir petit à petit ? C’est décadent,<br />

n’est-ce pas, d’avoir toute cette puissance et de ne pas être<br />

limité par la morale ou la conscience ?<br />

ŕ Oui, dis-je en ouvrant les yeux. Mais, malheureusement<br />

pour toi, ma morale et ma conscience étaient les seules choses<br />

qui m’empêchaient de faire ça…<br />

Je lui donnai un coup de poing en pleine poitrine. Je sentis<br />

la peau se déchirer et des os se casser, pas seulement les siens,<br />

mais je ne m’arrêtai pas avant d’avoir arraché son cœur, qui<br />

battait toujours. Je baissai les yeux sur l’organe que je tenais<br />

puis rejetai la tête en arrière dans un grand éclat de rire. Alors<br />

que le corps sans vie de Gage s’affaissait, je me tournai vers le<br />

groupe de sorciers. Ils avaient brusquement cessé de<br />

psalmodier, et regardaient ce que je tenais. Je leur souris. Ils<br />

tressaillirent.<br />

Par la seule puissance de ma volonté, je fermai l’unique<br />

porte, la verrouillai. Ils commencèrent par la marteler et la tirer,<br />

puis ils essayèrent de l’ouvrir par magie. Ils finirent par se<br />

retourner vers moi. Je me tenais prête pour leur assaut, trempée<br />

du sang de Gage, son cœur toujours dans la main. L’odeur de<br />

leur peur emplissait la pièce, se mêlait au doux parfum du sang<br />

et à l’âcre fumet du soufre. Sous la peur, pourtant, je percevais<br />

de la colère et de la haine. Ne pouvant fuir, ils allaient se battre.<br />

La femme aux cheveux gris avança et sortit un pieu de<br />

quelque part sous sa robe.<br />

ŕ Elle a tué le maître, cria-t-elle. Elle doit mourir ! Tuez-la !<br />

Tuez-la ! Les autres la suivirent, et la pièce se mit à grouiller de<br />

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