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Isocrate<br />
a/<strong>Phèdre</strong> est né vers 450-447 av JC : il apparaît dans trois dialogues de Platon, le<br />
Protagoras, le Banquet et le <strong>Phèdre</strong>. Son nom signifie « resplendissant » et<br />
« brillant ». Dans le premier dialogue, <strong>Phèdre</strong> est un jeune homme d’environ 18 ans.<br />
Dans le second, il a une trentaine d’années. Il prend déjà pour thème de discussion<br />
Eros dont il prononce en premier l’éloge. Il le tient pour le dieu le plus ancien.<br />
Socrate quant à lui concluait cet échange après avoir écouté Pausanias, Eryximaque,<br />
Aristophane et Agathon. Dans le Banquet, <strong>Phèdre</strong> se préoccupait, comme ce sera<br />
le cas dans celui qui nous intéresse, de mythologie. Il montrait de l’intérêt pour<br />
l’interprétation allégorique des mythes et se révélait bon orateur. Effectivement,<br />
notre dialogue nous apprend qu’il suit les cours de Lysias et qu’il est un de ses<br />
disciples.<br />
Dans le <strong>Phèdre</strong> il est encore bien jeune puisque cette rencontre entre le jeune homme<br />
et Socrate est censée avoir lieu aux alentours de 433-32. Dans le Banquet, <strong>Phèdre</strong><br />
était préoccupé par sa santé. Il est l’ami du médecin Eryximaque dont le père<br />
Acoumène est également médecin et lui prodigue des conseils. C’est pour des<br />
raisons médicales qu’il se promène pieds nus <strong>sur</strong> les chemins en dehors<br />
d’Athènes. Il craint les grandes chaleurs et repère les endroits ombragés. <strong>Phèdre</strong> est,<br />
enfin, l’un de ceux accusés d’avoir profané les Mystères d’Eleusis. Mis en cause en –<br />
415, il s’enfuit avec ses complices et resta absent d’Athènes de 415 à 403. Ses biens<br />
furent confisqués et le loyer de ses propriétés fut perçu par la Cité. On ne connaît pas<br />
la date de sa mort. Il ne fut pas aux côtés de Socrate lors de son empoisonnement en -<br />
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b/ Le Socrate tel qu’il apparaît dans ce dialogue reprend certains traits bien connus<br />
du personnage. Il est pauvre, ironique et vif. Il marche pieds nus, fait preuve<br />
d’ironie, parle habilement. Il est expérimenté en matière d’amour et invoque le<br />
précepte delphique « Connais-toi toi-même ». Le signal divin lui rappelle quel est son<br />
devoir et le conduit à prononcer son second discours. Ici, la formule « connais-toi toimême<br />
» conduit Socrate à élargir ses perspectives : se connaître, c’est connaître son<br />
âme, et remonter à l’âme du cosmos dont elle est une partie. Traditionnellement,<br />
Socrate apparaît comme un homme évoluant dans la Cité. Ici, il semble heureux de se<br />
trouver hors de ses enceintes et apprécie tout particulièrement le paysage bucolique<br />
qui l’entoure. Il se sent pourtant étranger à la campagne, et dit que les hommes,<br />
dans la cité, l’intéressent plus que les arbres des alentours. Dans d’autres<br />
dialogues, Socrate peut être présenté comme un homme qui aime les discours concis.<br />
Au contraire, il dit à <strong>Phèdre</strong> aimer passionnément et maladivement écouter les<br />
discours. Les deux qu’il prononce sont relativement longs et témoignent d’une<br />
connaissance fine des procédés rhétoriques. Ce Socrate, possédé par les Nymphes<br />
(238cd) est particulièrement enjoué et joyeux, autre caractéristique relativement rare.<br />
Néanmoins, Socrate est finalement assez peu ressemblant à lui-même dans ce<br />
dialogue : il parle en premier lieu sous le masque d’un sophiste, puis il u<strong>sur</strong>pe<br />
l’identité d’un poète. Dans ces deux rôles, contradictoires mais dogmatiques, il<br />
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