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Cours sur Phèdre

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CR<br />

1 - La rhétorique vaine <strong>sur</strong> l’amour : , <strong>Phèdre</strong>, 235a -243d 256e ≠– 249a – 253a<br />

– 253b – 253c – 255a – 255d<br />

COMMENTAIRE<br />

1° discours de Socrate 237a => 241d habile pastiche<br />

Il est censé nous faire entendre à la fois que le rhéteur n’est pas savant et que son<br />

ignorance du vrai et d’une méthode rigoureuse le rend incapable de déterminer en<br />

quoi consiste l’art de la parole, et en quoi consiste l’art de l’amour.<br />

Il est probablement capable d’user d’un art de parler, mais abuse d’un art de la<br />

rhétorique qui ne débouche que <strong>sur</strong> la persuasion de l’auditeur.<br />

La nature de l’art de l’éloquence rend possible un art de l’habileté par lequel les<br />

âmes ne sont conduites nulle part, parce qu’il s’appuie <strong>sur</strong> des convictions, quant à<br />

son objet, et <strong>sur</strong> des formules ou des figures de discours qui n’ont de valeur que par<br />

les opportunités ou les égarements qu’elles provoquent.<br />

Appliquée ici à l’amour confondu avec l’amant, la rhétorique facilite la mise en<br />

oeuvre à laquelle Platon s’attache : lier parole vraie, amour et dialectique. Sous<br />

la condition d’un propos qui ne tourne qu’autour de la séduction charnelle et de<br />

la folie d’un désir non bridé, l’amour égare autant que la parole vaine de la rhétorique.<br />

Il est improductif, il est fluctuant, inconstant, volage et <strong>sur</strong>tout calculateur.<br />

De <strong>sur</strong>croît, l’amour n’est pas conçu comme un rapport entre deux personnes,<br />

mais comme la propriété d’une seule personne, qui ne s’intéresse pas nécessairement<br />

à une autre.<br />

D’abord le discours de Lysias est contourné, et en lui l’usage de la parole par les<br />

amants tel qu’il le décrit demeure plat et sans autre objet que les vaines flatteries<br />

réciproques, les préoccupations banales, les jeux <strong>sur</strong> la parole cachée ou<br />

mensongère entre des amants. Enfin, le discours terminé, Lysias ne s’offre à aucune<br />

discussion. Il n’accepte que des questions pour lesquelles des réponses sont<br />

sans doute déjà prêtes. Nul dialogue n’est envisagé.<br />

Dès lors, on comprend mieux pourquoi le premier discours de Socrate échoue tout<br />

autant. Il a gardé les mêmes présupposés que Lysias, car il n’a pas interrogé l’objet<br />

en question.<br />

Il faut attendre le second discours de Socrate pour entrer dans une considération tout<br />

à fait différente. Mais alors l’amour n’est plus un personnage, à savoir l’amant.<br />

Il est rapport, rapport pédagogique par ailleurs, rapport à la parole, rapport<br />

dans lequel une relation sans doute réciproque s’instaure entre celui qui aspire<br />

au savoir et celui qui veut faire du précédent son élève. L’amour n’est donc plus<br />

amour charnel du monde sensible, mais folie divine. Et Socrate ne dissocie plus<br />

jouissance et sentiment. À travers la beauté sensible de l’aimé, l’amoureux doit aper-<br />

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