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enonce temporairement à l’attitude qui lui est propre, l’ironie. Quand enfin S<br />
redevient lui-même et parle en son nom, le débat <strong>sur</strong> l’amour est délaissé, et le<br />
dialogue s’oriente vers des réflexions <strong>sur</strong> la rhétorique et l’art oratoire, qui forment<br />
une sorte de poétique platonicienne.<br />
c/ Lysias et sa famille<br />
Lysias apparaît déjà dans la République. Son père, Céphale, citoyen syracusain et<br />
propriétaire d’une fabrique d’armes <strong>sur</strong> le Pirée, et son frère, Polémarque, évoquaient<br />
avec Socrate la question de la justice. L’entretien a eu lieu entre 420 et 415 av JC.<br />
Céphale et ses fils sont donc des métèques, à savoir des étrangers résidents qui<br />
n’avaient le droit ni de posséder la terre, ni de servir dans l’armée, ni de voter à<br />
l’Assemblée du peuple, ni de prendre la parole au Tribunal. Lysias est né vers – 445.<br />
A Thourioi, une colonie fondée par Athènes en Italie du sud, il suit l’enseignement<br />
rhétorique de Tisias. Il revient à Athènes vers -420.<br />
C’est un maître de rhétorique qui compose des discours épidictiques qui servent de<br />
modèle à ceux qui veulent étudier la technique de composition des discours. Il est<br />
aussi logographe, et écrit des plaidoyers que les parties s’affrontant au Tribunal<br />
récitent devant leurs juges. Il est mort vers -379 et ne devait plus être en vie quand<br />
Platon composa le <strong>Phèdre</strong>.<br />
d/ Isocrate<br />
Il n’est mentionné qu’à la fin du dialogue (278-279). Il serait né en -436 et reçut une<br />
éducation soignée. Elève de Prodicos et de Gorgias, il s’entretient souvent avec<br />
Socrate. D’abord logographe, il ouvre une école de rhétorique à Athènes. Il meurt<br />
très âgé, à 98 ans. Il a composé un discours intitulé Contre les Sophistes publié en -<br />
391 dans lequel il s’en prend<br />
- aux Eristiques, qu’il associe aux disciples de Socrate : ces derniers veulent<br />
enseigner le bonheur et la sagesse mais leurs vies montrent qu’ils sont<br />
incapables de les atteindre.<br />
- aux professeurs d’éloquence publique qui utilisent de manière mécanique et<br />
gratuite des procédés rhétoriques.<br />
- aux auteurs de traités de rhétorique qui ne s’intéressent qu’aux chicanes.<br />
Il professe une rhétorique qui renforce les dons de la nature, insiste <strong>sur</strong> l’importance<br />
des exemples commentés pour instruire les élèves, et précise que l’éducation n’est<br />
pas toute-puissante.<br />
Dans le <strong>Phèdre</strong>, Socrate lui lance quelques piques. Indirectement, il lui reproche<br />
d’oublier la recherche de la vérité, à l’image d’autres sophistes. De plus Isocrate<br />
était un fervent défenseur de l’écriture : là encore sa position ne recoupe en rien<br />
celle de Socrate.<br />
De son côté Isocrate, dans son discours Sur l’échange composé en -353, attaque<br />
Platon. Il lui reproche le recours à la dialectique et sa conception de l’éducation.<br />
- Au moment du dialogue, Lysias et <strong>Phèdre</strong> ont une trentaine d’années, Isocrate<br />
vingt ans, Socrate cinquante.<br />
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