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enthousiasmer l’auditeur de telle sorte qu’il soit entraîné à réfléchir. Une fois l’image<br />
comprise, il faudra revenir à l’ordre des concepts, ce qui sera le cas en 253c 254b.<br />
-Présentation du mythe :<br />
Socrate commence par démontrer l’immortalité de l’âme 245c – 245e,<br />
puis il a recours à un mythe pour décrire la vie céleste, la chute, la<br />
régénération.246a – 248e<br />
Analyse<br />
245c – 245 e<br />
La nature de l'âme<br />
L'immortalité de l'âme : l'exposé prend d'abord la forme d'une démonstration dont<br />
Socrate insiste <strong>sur</strong> la nécessité. L'âme est immortelle car elle est automotrice, elle se<br />
meut d'elle-même, elle est principe de mouvement, c'est-à-dire qu'elle est source,<br />
point de départ de son mouvement et de tout mouvement. En tant que principe elle est<br />
inengendrée, car si un principe était engendré par autre chose que lui-même il ne<br />
serait pas principe. Pour la même raison elle est incorruptible puisque c'est le principe<br />
qui est à l'origine de l'être et non l'inverse. « Or cet être ne peut ni être anéanti, ni<br />
venir à l'être ; autrement le ciel tout entier et tout ce qui est soumis à la génération<br />
s'effondreraient, s'arrêteraient et jamais ne retrouveraient une source de mouvement »<br />
(245e).<br />
On ne peut comprendre ce que Platon dit ici que si on se détache de la conception<br />
cartésienne de l'âme qui domine la philosophie moderne.<br />
L'âme chez Descartes est synonyme de pensée ou d'esprit, elle est fonction de<br />
connaissance, toutes les autres fonctions étant renvoyées au corps, lui même assimilé<br />
à une machine. Le mouvement chez Descartes est mécanique, il ne nécessite<br />
l'intervention d'aucun principe moteur. « Le corps est une machine qui se remue de<br />
soi-même. » Le corps est matière et rien que matière, res extensa (chose étendue), et<br />
peut être étudié selon ses caractères géométriques ; c'est un automate naturel dont le<br />
mouvement s'explique par la seule disposition de ses organes, comme les rouages de<br />
l'horloge par exemple. De ce fait l'âme cartésienne, à l'inverse, est pure pensée : «<br />
L'âme par laquelle je suis ce que je suis est entièrement distincte du corps, et même<br />
qu'elle est plus aisée à connaître que lui, et qu'encore qu'il ne fût point, elle ne<br />
laisserait pas d'être tout ce qu'elle est ».<br />
Pour Platon au contraire, l'âme est principe d'animation. «L'âme s'est révélée à<br />
nous comme la cause, pour tous les êtres sans exception, de tout ce qu'il y a en eux,<br />
sans exception, de changement et de mouvement. » Tout ce qui se meut est donc<br />
pourvu d'une âme, depuis les dieux jusqu'aux bêtes ; il y aura seulement lieu de faire<br />
des distinctions entre des espèces d'âme. C'est pourquoi le monde lui-même est doué<br />
d'une âme. « Tout ce qu'il y a au ciel <strong>sur</strong> la terre et dans la mer l'âme le mène au<br />
moyen de ces mouvements qui lui sont propres. » Les mouvements du ciel et des<br />
astres, le mouvement de l'univers dans son ensemble doivent être rapportés à la<br />
fonction motrice de l'âme du monde qui « mène de la sorte toute choses vers<br />
l'accroissement ou le décroissement, vers la décomposition ou la composition, ainsi<br />
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