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deux mythes qui renvoient à la question de l’écrit.<br />
1/ Le mythe de Borée et d’Orithye 229c-230b : un hors-d’œuvre pour mettre en<br />
appétit l’esprit du lecteur ?<br />
=> interpréter un mythe c’est perdre son temps<br />
• Ce mythe est peu développé. Orythie, fille du roi Erechthée, jouant avec les<br />
nymphes au bord de l’Ilissos, fut enlevée par Borée et transportée en Thrace. De là<br />
vient la tradition que Borée, en raison de cette alliance, aurait secouru les Athéniens<br />
dans la guerre contre les Barbares. Aussi lui dédia-t-on un autel au bord de l’Ilissos.<br />
Le mythe apparaît à l’ouverture du dialogue, dans le prologue, alors que les<br />
deux amis viennent de s’installer sous un platane, Socrate s’apprêtant à écouter le<br />
discours de Lysias qui va être lu par son élève dans le décor d’une nature souriante.<br />
• Socrate refuse d’arrêter longtemps son esprit <strong>sur</strong> cette fable d’une jeune athénienne<br />
« ravie » par le dieu du vent. Platon semble prendre le prétexte d’une question de<br />
<strong>Phèdre</strong> (« Dis-moi, Socrate, n’est pas ici près, au bord de l’Ilissos, que Borée enleva,<br />
dit-on, Orithye ? ») pour définir brièvement son attitude en face de l’interprétation<br />
physique des mythes traditionnels. Il refuse, pour sa part, d’expliquer un mythe<br />
par une réduction rationnelle du merveilleux au naturel. Socrate est capable,<br />
comme n’importe quel sophiste, d’un exercice de ce genre. Mais le travail qu’exige<br />
une telle méthode est décevant et constitue un effort mal orienté. Plutôt que de perdre<br />
son temps à essayer d’expliquer les mythes selon cette méthode, il faut consacrer<br />
son énergie au principe delphique : se connaître soi-même.<br />
Cependant, la déclaration de Socrate, suivant laquelle il « laisse de côté toutes ces<br />
histoires » est pour le moins <strong>sur</strong>prenante : bien au contraire, il n’aura de cesse d’y<br />
revenir, et de recourir, encore à trois reprise, au mythe, qui constitue donc une forme<br />
de parole dont même le discours philosophique ne peut tout à fait faire l’économie.<br />
2/ Le grand mythe eschatologique de la nature et du destin des âmes, de leur<br />
expérience de l’amour (Mattéi)<br />
-Place du mythe :<br />
Socrate est en train d’étudier le rapport entre la parole et la vérité par le truchement<br />
de l’âme. Mais la parole vraie énonçant ce qu’est l’âme est difficile à entendre et<br />
comprendre pour un auditeur soumis à l’opinion. Socrate décide donc de changer<br />
de stratégie discursive. Il abandonne le concept et le raisonnement, et fait le choix de<br />
recourir dorénavant aux images : raconter ce à quoi l’âme ressemble plutôt que dire<br />
ce qu’elle est.<br />
-Nature du mythe :<br />
Le mythe a une valeur pédagogique. C’est un récit en images destiné à<br />
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