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Marivaux<br />
1) La spécificité de l’écriture théâtrale<br />
Le texte de théâtre est par définition un texte hybride, ou un texte à trous, qui ne se<br />
réalise pleinement que dans la mise en scène qu’il appelle. Le texte de théâtre écrit<br />
est par nature incomplet ; il est une potentialité qui se réalise lors de la représentation.<br />
Mais il est évident qu’une pièce sera d’autant plus efficace <strong>sur</strong> scène que son écriture<br />
en aura été finement élaborée. La mécanique théâtrale est inscrite dans le texte de<br />
départ : le rire, les quiproquos sont déjà là, le dramaturge écrivant pour la scène,<br />
c’est-à-dire un espace où règne la double énonciation : au théâtre, une parole est<br />
toujours adressée à un ou des personnages et en même temps au spectateur. Celui-ci<br />
est alors à même de savourer le décalage entre ce qu’un personnage sait, comprend de<br />
la parole qui lui est adressée, et ce qu’il devrait effectivement savoir ou comprendre<br />
si, comme le spectateur, il connaissait les intentions de son interlocuteur. Par<br />
exemple, dans la scène 2 de l’acte III, toutes les répliques de Dubois peuvent être<br />
prises dans un double sens : celui qu’entend Marton, abusée par Dubois, et celui que<br />
comprend le spectateur, très au fait du stratagème de Dubois.<br />
2) La mise en scène de l’écriture dans la pièce<br />
En deux cas précis, l’écrit est mis en scène dans Les Fausses confidences : une<br />
première fois (acte II, scène 13) quand Araminte, pour amener Dorante à lui avouer<br />
son amour, le force à écrire en sa présence une lettre où elle annonce au Comte<br />
Dorimont qu’elle consent à l’épouser. La lettre ici relève d’une parole performative,<br />
non pas au sens où ce qui est écrit va, doit se produire (Araminte n’a aucune intention<br />
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