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Cours sur Phèdre

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) Les Idées sont le principe de l'intelligibilité : ce par quoi une connaissance est<br />

possible « en allant d'une pluralité de sensations vers l'unité qu'on embrasse au terme<br />

d'un raisonnement » (249b). L'idée est ce qui permet de mettre de l'ordre dans le<br />

chaos des impressions sensibles en les rapportant à l'unité d'une forme commune. La<br />

perception elle-même n'est possible que parce que nous y apercevons la forme.<br />

c) Les Idées sont ce à quoi s'adresse toute connaissance. La connaissance est<br />

connaissance des formes pures. Toute connaissance cherche à s'éloigner du cas<br />

particulier pour aller vers l'essence. Ainsi les dialogues de Platon ne parlent pas des<br />

choses belles mais de La Beauté, des actes courageux mais du Courage, des actions<br />

vertueuses mais de la Vertu, et ainsi de suite. « Il faut en effet que l'homme arrive à<br />

saisir ce qu'on appelle « forme intelligible », en allant d'une pluralité de sensations<br />

vers l'unité qu'on embrasse au terme d'un raisonnement » (249b).<br />

d) Les Idées sont le modèle de toute chose. Elles sont « le paradigme » de toute<br />

réalité sensible. Platon passe du plan de la connaissance au plan de l'Être. Les idées<br />

ont non seulement une fonction épistémologique mais une réalité ontologique. Les<br />

Idées sont le fondement de l'Être et l'Être lui-même. Il y a plus de réalité dans l'Idée<br />

que dans la chose parce que l'Idée est le modèle de la chose, la chose n'est qu'une<br />

mauvaise copie de l'Idée (par exemple un objet beau n'est qu'une représentation<br />

approximative de la Beauté). Là où la chose perçue est confuse, changeante, multiple,<br />

complexe, l'Idée, est claire, immuable, une, simple.<br />

La connaissance comme réminiscence<br />

Si l'âme n'avait pas dans une vie antérieure contemplé les Idées, jamais aucune<br />

connaissance ne serait possible. La connaissance est mémoire : « Il s'agit d'une<br />

réminiscence des réalités jadis contemplées par notre âme, quand elle accompagnait<br />

le dieu dans son périple […], qu'elle levait la tête pour contempler ce qui est<br />

réellement » (249c).<br />

Un modèle de vie juste<br />

Plus l'âme a pu contempler les Idées et plus dans ce monde d'exil qu'est le monde<br />

terrestre elle parvient à les retrouver, plus elle connaît l'essentiel et plus sa vie est<br />

juste et vraie. Tel est le philosophe. Il faut à partir des choses d'ici-bas, se souvenir<br />

des réalités contemplées dans un autre monde et tenter de les reconnaître dans leurs<br />

mauvaises copies. « Mais ce n'est chose facile pour aucune âme » (250a). Celui qui<br />

parvient à « apercevoir quelque chose qui ressemble aux choses de là-bas » éprouve<br />

un double déséquilibre : d'une part « ces âmes sont projetées hors d'elle-mêmes et<br />

elles ne se possèdent plus » (250a), éblouies par la lumière qui les saisit, comme le<br />

prisonnier qui sort de la caverne5[14], ces âmes sont comme aveuglées ; et d'autre<br />

part parlant de lumière dans un monde d'ombres, parlant de perfection dans un monde<br />

imparfait, il est nécessairement mal reçu par ses compagnons : « Comme il s'est<br />

détaché de ce à quoi tiennent les hommes et qu'il s'attache à ce qui est divin, la foule<br />

le prend à partie disant qu'il a perdu la tête, alors qu'il est possédé par un dieu »<br />

(249d). Là encore le parallèle avec l'allégorie de la caverne est clair : lorsque le<br />

prisonnier, après être sorti dans le monde extérieur, revient dans la caverne il est hué<br />

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