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Cours sur Phèdre

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que vers tous les mouvements qui font suite à ceux-là, échauffements et<br />

refroidissements, augmentations ou diminutions de poids, le duret le mou, le blanc et<br />

le noir, l'âcre et le doux… ». S'ils déterminent ainsi des mouvements physiques, les<br />

mouvements de l'âme sont d'une autre espèce. Ils consistent à « vouloir, examiner,<br />

prendre soin, délibérer, opiner». Ce qui fait que pour l'âme la distinction entre<br />

mouvoir et être mu est dépourvue de sens. Le mouvement de l'âme est action.<br />

246a – 248 e<br />

L'âme comme attelage ailé:<br />

reste ensuite à définir la forme de l'âme, sa nature. Socrate n'a plus alors recours à<br />

la démonstration, mais au mythe : « Pour dire quelle sorte de chose c'est, il faudrait<br />

un exposé en tout point divin et fort long, mais dire de quoi elle a l'air, voila qui<br />

n'excède pas les possibilités humaines » (246a). Le mythe, on le sait, prend souvent<br />

chez Platon le relais de la démonstration quand il s'agit d'objets qui échappent à la<br />

connaissance humaine. Il a pour but de rendre sensible à l'imagination ce qui ne peut<br />

être connu par l'esprit, ce qui ne peut être l'objet d'une distinction rigoureuse.<br />

L'image qui rend compte de la nature de l'âme, qu'elle soit divine ou humaine, c'et<br />

celle d'un attelage ailé, attelage composé d'un cocher et de deux chevaux.<br />

L’âme est présentée comme « une sorte de puissance dans laquelle sont naturellement<br />

réunis un attelage et un cocher que portent des ailes ». Mais si les dieux sont de bons<br />

cochers et ont de beaux chevaux, il n’en est pas de même pour les autres créatures.<br />

Chez ces dernières les qualités de l’attelage sont « mêlées ». Ce thème de l’attelage<br />

renvoie à l’image du char portant un dieu triomphant ou un héros (L’Iliade, mais<br />

aussi Parménide et Pindare, les représentations figurées comme celles du sarcophage<br />

crétois d’HagiaTriada qui date du XVè siècle av JC).<br />

Cette allégorie fait du cocher le noûs (raison), le cheval de droite facile à conduire<br />

incarnant le thumos (cœur), l’autre, mal bâti, violent et rétif incarnant l’épithumia<br />

(appétits). Ce mythe reprend la tripartition de l'âme exposée par Platon à plusieurs<br />

reprises, en particulier dans la République. Le cocher représente la partie rationnelle<br />

de l'âme, (logistikon), c'est elle qui a la capacité de contempler l'intelligible. Le<br />

cheval de bonne nature représente le thumos, quelque chose comme le cœur, le<br />

courage mais aussi la colère et l'agressivité : c'est la faculté de s'enthousiasmer et de<br />

s'emporter au service du meilleur. Quand le cocher mène bien son attelage, il trouve<br />

en lui un allié essentiel, toujours prêt à aller de l'avant, à combattre pour son idéal, à<br />

défendre sa cause. Quant au mauvais cheval, il représente la troisième partie de l'âme,<br />

l'épithumia, le siège de l'appétit des passions et des désirs charnels. Rétif, toujours<br />

prêt à faire dévier l'attelage pour satisfaire ses désirs, il manque sans cesse de le faire<br />

chavirer.<br />

C'est <strong>sur</strong> cette tripartition de l'âme que Platon dans la République construit le modèle<br />

de la cité juste : les hommes se répartissent en trois classes selon que domine en eux<br />

l'une ou l'autre partie de l'âme : à ceux en qui domine la partie rationnelle, les<br />

philosophes, reviendra la tâche de gouverner la cité ; à ceux en qui domine le cœur,<br />

les gardiens ou soldats, reviendra celle de la défendre ; et enfin à ceux en qui domine<br />

l'appétit seront confiées les tâches matérielles permettant l'entretien de tous : les<br />

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