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La séparation

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s’agissait de l’hôpital de Whitechapel. Une escadrille de policiers<br />

en uniforme nous attendait dans la cour, où elle nous accueillit<br />

en saluant M. Churchill à sa descente de voiture. Nous<br />

gagnâmes le bâtiment d’un bon pas, ma jambe blessée me<br />

handicapant pour la première fois de la journée, mais je réussis<br />

à ne pas rester à la traîne. Un énorme rugissement allait<br />

croissant : des tas de gens se réunissaient dans la cour autour<br />

du Premier ministre, pendant que des centaines d’autres se<br />

penchaient à toutes les portes et fenêtres, agitaient la main,<br />

braillaient, acclamaient.<br />

Le politicien souleva son chapeau, sourit de tous côtés, tira<br />

gaiement sur son cigare.<br />

« Alors, on est découragés ? cria-t-il à la foule.<br />

— NON ! » répondit-elle en agitant ses drapeaux avec<br />

enthousiasme.<br />

Il fit le tour de l’établissement, parla aux médecins, aux<br />

infirmières, aux brancardiers, aux patients, s’attarda dans le<br />

service des enfants, où il vit non seulement ces derniers mais<br />

aussi leurs parents, délivrant partout le même message, répété<br />

sans fin, avec des variations insignifiantes : « Nous en verrons le<br />

bout, nous ne renoncerons jamais, Hitler est aux abois, nous<br />

sommes capables de supporter tout ce qu’il tente contre nous, il<br />

va avoir des surprises. »<br />

Après la visite de l’hôpital, la voiture nous emmena dans une<br />

école de Leytonstone qu’une bombe allemande à parachute<br />

avait atteinte de plein fouet, puis le cortège suivit la High Road<br />

bien endommagée de Leyton entre des océans de gens. Partout<br />

où s’était rassemblée la foule, M. Churchill reprenait son rôle<br />

avec chapeau, sourire, cigare.<br />

À l’heure du déjeuner, nous étions de retour à l’Amirauté.<br />

Sur un petit signe de tête et un mot de remerciement, le Premier<br />

ministre s’empressa de regagner l’énorme bâtiment. Cette<br />

matinée d’agitation bruyante, entrecoupée de longues marches<br />

parmi la foule, m’avait épuisé, mais M. Churchill était resté<br />

jusqu’à la fin frais et dispos. Un déjeuner léger fut servi aux<br />

aides de camp, puis nos voitures respectives vinrent nous<br />

chercher pour nous ramener chez nous. Aussitôt rentré dans ma<br />

chambre de la RAF de Northolt, je m’endormis.<br />

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