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La séparation

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Juste avant huit heures, un caporal de la WAAF 5 nous<br />

conduisit dans le bus réservé aux équipages jusqu’à notre<br />

appareil. Il faisait chaud ; nous transpirions avec nos vestes en<br />

cuir fourrées, nos grosses bottes, nos pantalons matelassés.<br />

Surtout les canonniers, encore plus emmitouflés : les tourelles<br />

venteuses n’étant pas chauffées, ils multipliaient les couches de<br />

tissu dans leur combinaison de vol à chauffage électrique (d’une<br />

parfaite inefficacité) Ŕ sous-vêtements, pulls, plus deux ou trois<br />

paires de gants et de chaussettes.<br />

Après m’être hissé par la trappe ventrale, je gagnai le cockpit,<br />

où je me glissai sur mon siège. Tout était en bon état, le<br />

première classe m’en informa distraitement, pendant que je<br />

griffonnais mon nom sur la feuille qui retirait la responsabilité<br />

de l’avion aux équipes à terre. Pas de problème, aucune raison<br />

de s’inquiéter. Tu l’emmènes et tu le ramènes. Notre dernière<br />

opération remontait à six nuits. Le port de Brest, où nous avions<br />

cherché à couler les navires de guerre allemands Scharnhorst et<br />

Gneisenau. Il me semblait avoir un peu perdu la main, pendant<br />

que nous passions en revue les sempiternelles vérifications<br />

techniques et autres. Pourtant, les deux moteurs démarrèrent<br />

du premier coup, ce qui était bon signe.<br />

Tandis que je roulais lentement vers le point de décollage,<br />

l’appareil me sembla nettement plus lourd que d’habitude, mais<br />

bien sûr, il avait fait le plein de bombes et de carburant. Je<br />

poussai puis ralentis les moteurs pour leur éclaircir la gorge,<br />

promenai la gouverne de droite à gauche, sentis le Wellington<br />

réagir paresseusement. Cette nuit, allait avoir lieu ce que le haut<br />

commandement des bombardiers appelait un effort maximal.<br />

Un surveillant de piste leva les pouces à mon adresse au passage<br />

du A-Able puis se détourna, la tête basse, la main plaquée sur<br />

son calot, pendant que le sillage des hélices s’écrasait contre lui.<br />

Devant moi se trouvait le M-Mother, Derek Hanton aux<br />

commandes Ŕ nous nous connaissions depuis l’époque de<br />

l’Escadrille aérienne universitaire. Derrière et autour de nous,<br />

d’autres Wellington quittaient leur position de repos puis,<br />

5 Women’s Auxiliary Air Force, auxiliaires féminines de la Royal Air<br />

Force (N.d.T.)<br />

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