03.07.2013 Views

La séparation

La séparation

La séparation

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Londres. Par deux fois, le Premier ministre se rappela à mon<br />

bon souvenir, car il désirait savoir quand mon rapport serait<br />

prêt. Le temps m’était compté, on ne me laissait pas l’oublier.<br />

Ce genre de travail était totalement neuf pour moi. Organiser<br />

de manière rationnelle les données recueillies me posait de gros<br />

problèmes. <strong>La</strong> première version de mon rapport s’avéra très<br />

longue, mal construite. Elle se présentait comme un compte<br />

rendu verbatim de toutes mes rencontres avec Rudolf Hess, y<br />

compris les transcriptions complètes de nos conversations<br />

(traduites en anglais quand nous nous étions exprimés en<br />

allemand), sous-tendu par d’innombrables précisions et<br />

extrapolations dues aux archives de la bibliothèque. Je m’étais<br />

efforcé de produire une somme, un rapport définitif où je<br />

comparais mes observations aux informations obtenues sur<br />

Hess grâce au ministère des Affaires étrangères. Comme il avait<br />

été sous surveillance des années durant, les dossiers<br />

regorgeaient de détails.<br />

Mademoiselle Victoria MacTyre, la secrétaire du ministère<br />

de la Guerre mise à ma disposition, emporta mon grand œuvre,<br />

qu’elle répartit entre quatre employées de l’étage inférieur en les<br />

chargeant de le dactylographier. Pour donner une idée de son<br />

volume, je dirai juste que cela leur prit un jour et demi de travail<br />

intensif.<br />

Mademoiselle MacTyre me rapporta mon rapport terminé.<br />

Comme elle avait réussi à le lire en entier pendant qu’on le<br />

mettait au propre, elle me complimenta généreusement,<br />

réassurant n’avoir rien parcouru de plus intéressant en deux ans<br />

de guerre. Mais, ajouta-t-elle, il y avait un problème :<br />

« Colonel, il est de mon devoir de vous avertir que<br />

M. Churchill ne lira pas ce compte rendu.<br />

ŕ Je pense que si. C’est lui qui m’a demandé de le rédiger, et<br />

le plus vite possible.<br />

ŕ Je n’en doute pas, colonel. Il n’empêche qu’il me le<br />

renverra au premier coup d’œil.<br />

ŕ Pourquoi ferait-il une chose pareille ?<br />

ŕ Votre rapport est beaucoup trop long. Il présente une<br />

analyse brillante du sujet, je n’en ai jamais vu d’aussi<br />

documentée ni comprenant autant de références, mais le fait est<br />

137

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!