03.07.2013 Views

Le « Weston

Le « Weston

Le « Weston

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Sullivan, dans l’espoir qu’une voix humaine dissiperait<br />

l’ambiance sinistre de ces rues immenses, tellement uniformes.<br />

Hélas, Sullivan était aussi affecté que Tom par cette triste<br />

atmosphère.<br />

<strong>«</strong> Nous tenons pour acquis que la cité a été bâtie par des<br />

créatures intelligentes, a-t-il déclaré, mais peut-être n’est-ce pas<br />

le cas. »<br />

Je lui ai demandé de s’expliquer.<br />

<strong>«</strong> <strong>Le</strong>s apparences sont trompeuses, a-t-il repris. Avez-vous<br />

jamais vu une termitière africaine ? C’est une structure<br />

élaborée, souvent plus grande qu’un homme, mais qui n’a pour<br />

architecte que l’évolution. Pensez aussi à la régularité et à la<br />

complexité d’une ruche.<br />

ŕ Vous voulez dire que nous nous trouvons peut-être dans<br />

une sorte de nid d’insectes ?<br />

ŕ Je veux dire que si ces constructions sont de toute<br />

évidence artificielles, leur uniformité de taille et, apparemment,<br />

de fonction, plaide contre des concepteurs humains.<br />

ŕ Quel genre d’insectes taillerait-il des blocs de pierre aussi<br />

gros que le Monument de Washington ?<br />

ŕ Je ne parviens même pas à l’imaginer. Qui pis est, il<br />

n’existe aucun précédent. Quels que soient les bâtisseurs de<br />

cette cité, ils ne semblent avoir ni descendance ni ancêtre<br />

évident. On dirait presque une création séparée. »<br />

<strong>Le</strong>s pensées de Sullivan ne reflétaient que trop les miennes.<br />

Malgré son étrangeté, la Darwinie possède une beauté propre Ŕ<br />

des prairies d’un vert moussu, des bosquets de pins-sauges, des<br />

rivières accueillantes. <strong>Le</strong>s ruines n’ont pas ce charme. Nous<br />

avons parcouru sans fin leurs rues d’une impitoyable régularité,<br />

tandis que le soleil baissait derrière les monolithes de pierre<br />

craquelée. Devant nous s’étendait une immensité blanche<br />

parfaitement vierge. Ni Sullivan ni moi n’y avons accordé une<br />

pensée avant que Tom ne nous en fasse remarquer la bizarrerie.<br />

Durant les quatre ou cinq jours qui s’étaient écoulés depuis la<br />

dernière chute de neige, nul animal n’y avait laissé ses traces,<br />

pas même un faucon-mite. Il y en a pourtant beaucoup aux<br />

alentours ; ils se réfugient par véritables volées dans les<br />

constructions en ruine sur le pourtour de la cité. (C’est un gibier<br />

- 160 -

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!