Les liaisons fructueuses - RUIG-GIAN
Les liaisons fructueuses - RUIG-GIAN
Les liaisons fructueuses - RUIG-GIAN
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
III – Le fonctionnement du <strong>RUIG</strong><br />
La fermeture du <strong>RUIG</strong> ou le décès prématuré<br />
d’un «enfant mal aimé»<br />
Entretien avec Angeline Fankhauser, Présidente du Conseil de Fondation du <strong>RUIG</strong><br />
Propos recueillis par Isolda Agazzi 1<br />
Angeline Fankhauser, ancienne Conseillère nationale<br />
suisse, était membre du Conseil de Fondation<br />
du <strong>RUIG</strong> depuis sa création et elle en a assuré la<br />
présidence suite au décès de Jean-Marie Dufour en<br />
juillet 2007. La «doyenne» de l’institution dénonce le<br />
manque de soutien politique et une allocation insuffisante<br />
de fonds à un Réseau qu’elle compare à «un<br />
enfant mal aimé». Rencontre avec une personnalité<br />
atypique, qui a voulu ancrer la recherche dans la<br />
réalité et jeter des ponts entre des institutions et des<br />
générations aux mentalités très différentes.<br />
Madame Fankhauser, pourquoi le <strong>RUIG</strong> a-t-il été créé ?<br />
Il s’agissait de lancer un grand réseau qui regroupe<br />
les organisations internationales et les institutions<br />
universitaires de recherche. J’ai trouvé le concept<br />
intéressant parce que la mise en réseau me paraît<br />
indispensable. Beaucoup de gens travaillent sur les<br />
mêmes thèmes sans se connaître et il faut impérativement<br />
créer des synergies. En plus, il y avait une<br />
Avant la réunion du Conseil de Fondation,<br />
le 10 novembre 2004. De g. à dr. Jean-Michel Monod,<br />
Jennifer de Laurentis (UNOG), Edouard Dommen.<br />
Dans la glace: Joëlle Kuntz, Jean-Marie Dufour (de<br />
dos) et Eric Baier.<br />
volonté politique de mieux faire connaître au monde<br />
les relations entre la Genève internationale et les<br />
milieux académiques suisses. J’étais une ancienne<br />
parlementaire et j’ai été nommée pour représenter<br />
les «minorités» au sein du Conseil de Fondation :<br />
les femmes, les socialistes, le milieu non universitaire<br />
et la Suisse alémanique. Dès le départ, j’ai eu<br />
un regard extérieur et il me semblait que le milieu<br />
genevois tournait en rond. Certes, il est souhaitable<br />
que Genève se rapproche de Berne, mais le monde<br />
politique suisse oublie trop souvent qu’il existe aussi<br />
d’autres centres universitaires, comme Bâle et le Tessin,<br />
par exemple.<br />
Peut-on concilier des cultures d’entreprise si différentes ?<br />
Effectivement, on a voulu réunir des gens avec des<br />
sensibilités très diverses. J’ai ressenti, au sein du<br />
Conseil de Fondation, un hiatus entre le monde<br />
des actifs et celui des retraités. Il y avait un véritable<br />
clivage en termes de culture de management :<br />
les «anciens» avaient l’habitude de prendre plus de<br />
temps pour laisser mûrir les décisions.<br />
<strong>Les</strong> mentalités variaient aussi beaucoup : celle de<br />
l’administration cantonale est différente de celle<br />
de la Confédération, qui est différente de celle des<br />
organisations internationales, qui est différente de<br />
celle des chercheurs. Ce sont des cultures d’entreprise<br />
qui ont très peu d’éléments en commun. Dans<br />
les organisations internationales, il y a une culture<br />
américaine, alors que nos chercheurs ont une culture<br />
plutôt suisse. Pourtant, on ne peut pas avoir l’ambition<br />
de résoudre les conflits dans le monde sans<br />
comprendre ces différences de mentalités !<br />
Dans quel contexte politique le Réseau a-t-il été lancé ?<br />
Après la dissolution de l’Académie internationale de<br />
l’environnement, le milieu politique genevois avait<br />
36<br />
1. Isolda Agazzi est journaliste à InfoSud.