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[Reportages<br />

© École d’application de l’artillerie<br />

© École d’application de l’artillerie<br />

L’Art de jetter les bombes, INV. 1404,<br />

Atlas de simulacre de siège, 1768, INV TF 144.<br />

magnifiques illustrations comprennent<br />

des costumes et décors orientaux qui<br />

accompagnent les dessins techniques<br />

d’une grande précision et d’un intérêt<br />

historique exceptionnel 8 .<br />

Lors de la fondation de cette bibliothèque<br />

sous son nom de « dépôt général<br />

de la guerre » (1688, sous le règne de<br />

Louis XIV), le ministre Louvois préconisait,<br />

dans le but d’instruire les officiers,<br />

de rassembler les ouvrages de mathématiques,<br />

d’astronomie, de géodésie,<br />

mais aussi d’histoire des batailles.<br />

Toutefois la spécialisation des collections<br />

a rapidement évolué vers l’encyclopédisme<br />

qu’exigeait la formation des<br />

futurs officiers, et la nécessité de stimuler<br />

la curiosité intellectuelle et d’inclure<br />

dans les enseignements des matières<br />

telles que l’ethnographie, les arts, la littérature.<br />

Cet encyclopédisme est naturel<br />

dans le cadre d’une formation secondaire<br />

générale comme celle qui était,<br />

et est encore, dispensée au Prytanée<br />

militaire de La Flèche, qui contient plus<br />

de 30000 volumes. On y remarque, en<br />

8. Isabelle Bruller (Bibliothèque du service historique<br />

de l'armée de Terre), Patrimoine des bibliothèques<br />

de France vol. 1 Ile-de-France, Payot, 1995.<br />

particulier, plus d’un millier de volumes<br />

de l’ancien fonds jésuite. Le livre le plus<br />

ancien est l’incunable La Cité de Dieu<br />

de saint Augustin, datant de 1<strong>47</strong>0. Cette<br />

tendance à la diversité est confirmée par<br />

le fait qu’en moyenne une bibliothèque<br />

sur deux possède plus de 15 % de son<br />

fonds en dehors des cinq domaines de<br />

compétences intéressant directement la<br />

Défense (histoire, géographie, sciences<br />

et technologie, stratégie, droit).<br />

On peut être aussi surpris par la nature<br />

des supports conservés dans les bibliothèques<br />

militaires françaises. Ainsi,<br />

l’École polytechnique mène régulièrement<br />

une collecte active d’archives des<br />

scientifiques, en favorisant le dépôt<br />

d’archives privées d’anciens élèves passés<br />

dans le monde de la science ou de<br />

l’économie. Les chercheurs et historiens<br />

des sciences ont ainsi accès aux papiers<br />

de Louis de Saulses de Freycinet (1846-<br />

1923) ou d’Alfred Sauvy (1898-1990). La<br />

bibliothèque du musée national de la<br />

Marine a reçu les archives de l’historien<br />

Michel Mollat du Jourdin (décédé en<br />

1988), professeur à l’Université Paris-<br />

Sorbonne et membre de l’académie de<br />

Marine.<br />

Outre les manuscrits et dossiers personnels,<br />

les bibliothèques de la Défense<br />

conservent des documents cartographiques<br />

et photographiques exceptionnels<br />

par leur nombre et leur originalité.<br />

La bibliothèque du département Marine<br />

du SHD détient ainsi plus de 100 000<br />

images de toute nature : photographies<br />

et cartes, mais aussi cartes postales,<br />

dessins et relevés manuscrits réalisés<br />

lors de campagnes ou missions dans le<br />

monde entier. Certains recueils ont une<br />

grande valeur ethnographique, comme<br />

le dossier constitué par le capitaine<br />

de frégate Miot, lors de sa mission sur<br />

l’Astrée (1868-1870) dans le Pacifique.<br />

À l’intérêt historique s’ajoute la valeur<br />

esthétique, dans le cas des dessins originaux<br />

de Duché de Vancy qui ont servi<br />

à la gravure des planches du compte<br />

rendu de l’expédition Lapérouse.<br />

Les documents autres que les livres<br />

figurent donc assez couramment dans<br />

les collections des bibliothèques de<br />

la Défense, mais cette situation est<br />

plutôt la conséquence des hasards de<br />

l’histoire que l’effet d’une politique<br />

documentaire. En dehors de l’École<br />

polytechnique, seul le musée national<br />

de la Marine organise la collecte des<br />

archives des chercheurs. Ce dernier<br />

établissement dispose d’une charte<br />

documentaire écrite et d’un plan de<br />

développement des collections, que la<br />

direction de la Mémoire, du patrimoine<br />

et des archives a entrepris de reprendre<br />

comme modèle pour l’ensemble des<br />

unités documentaires du ministère dans<br />

le cadre du plan de modernisation.<br />

Toutefois, ces méthodes trouvent parfois<br />

leurs limites dans les missions des institutions<br />

dont les bibliothèques sont ellesmêmes<br />

partie intégrantes. Pour en revenir<br />

aux exemples des bibliothèques des<br />

musées (musée nationale de la Marine,<br />

musée de l’Air et de l’Espace, musée<br />

nationale de l’Armée), on constate que le<br />

statut de leurs fonds demeure ambigu,<br />

parfois considérés comme objets de collections<br />

muséographiques (les photographies<br />

anciennes du musée de la Marine),<br />

ce qui induit un traitement signalétique<br />

(inventaire, catalogage) différent et<br />

des modalités d’accès distinctes, car<br />

les ouvrages précieux en bibliothèque<br />

sont plus accessibles que ceux qui sont<br />

conservés dans des réserves de musées.<br />

À l’inverse, on remarque que certaines<br />

bibliothèques gèrent des objets, comme<br />

à l’École polytechnique. La mise en valeur<br />

d’objets 3D, peu fréquente dans les<br />

bibliothèques et archives, atteint dans<br />

ce cas des limites liées aux pratiques<br />

professionnelles de bibliothécaires.<br />

En pratique, les technologies (numérisation,<br />

signalement dans des catalogues<br />

communs aux collections de musée et<br />

de bibliothèques) devraient permettre<br />

la convergence des méthodes et une<br />

large diffusion auprès des publics, indépendamment<br />

des conditions de traitement<br />

interne des œuvres et documents.<br />

Qu’en est-il, sur ce point, de l’offre des<br />

prestations et services ? Ce sera l’objet<br />

d’un article dans notre prochaine<br />

livraison.<br />

Jean-Philippe LAMY<br />

Ministère de la Défense<br />

Direction de la mémoire,<br />

du patrimoine et des archives<br />

– BPAB<br />

104 Bibliothèque(s) - REVUE DE L’ASSOCIATION DES BIBLIOTHÉCAIRES DE FRANCE n° <strong>47</strong>/<strong>48</strong> - décembre 2009

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