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DOSSIER<br />
tions. Deux sections peuvent partager un même univers. Par<br />
exemple, la section Musiques peut partager avec la section<br />
Autoformation en langues les « boîtes » mises à disposition<br />
dans l’univers 4. Inversement, une section (Presse) peut trouver<br />
intérêt à se situer à proximité de deux univers : le café (univers 2)<br />
et les salons modulables (univers 3).<br />
On perçoit que l’implantation des collections obéit désormais<br />
à une logique propre qui est radicalement indépendante<br />
de celle des univers, si ce n’est une proximité d’usage ; cette<br />
logique pouvant alors être guidée avant tout par l’objectif de<br />
proposer une grande clarté de la classification.<br />
La conception architecturale des univers devient essentielle<br />
: la notion de confort et notamment de confort acoustique<br />
et visuel prime. La scénographie des lieux, au sens de<br />
recherche sur leur ergonomie, leur ambiance, est prioritaire<br />
et ne doit plus être reléguée comme c’est trop souvent le cas<br />
aujourd’hui.<br />
Un métier semble manquer d’ailleurs, celui de scénographe<br />
de ces espaces. Un métier qui se situe entre l’architecture<br />
et le mobilier. Les agences d’aménagement des<br />
espaces commerciaux parlent de leur côté de compétences<br />
en design global pour désigner ce savoir-faire qui donne<br />
une importance capitale à l’adéquation des usages et des<br />
postures avec la volumétrie, l’éclairement, l’acoustique, le<br />
mobilier, la signalétique…, en un mot tout ce qui n’est pas<br />
dans le contrat de l’architecte 9 . Sans doute la chaine des<br />
compétences appelées à seconder la maîtrise d’ouvrage<br />
devra-t-elle ajouter prochainement cet élément essentiel. Un<br />
9. Ces différents savoir-faire ne relèvent cependant pas forcément des architectes.<br />
Tous ne s’y intéressent d’ailleurs pas. Il manque ici une compétence globale que<br />
les maîtres d’ouvrage d’espaces commerciaux ont largement comblé eux même<br />
en solidarisant autour d’eux différentes compétences : ambiance, mobilier,<br />
design, architecture, marketing, merchandising… Il faut observer les nouveaux<br />
lieux imaginés par certaines enseignes, telles que Monoprix, pour être convaincu<br />
qu’une très forte attention est portée à ces nouvelles tendances urbaines.<br />
nouveau tracé de la limite des compétences de l’architecte<br />
et des bureaux d’étude est à imaginer.<br />
Terminons par un élément important, le rôle des professionnels<br />
dans ce dispositif. Ils font ce que Google ne fait pas et<br />
ne fera pas de sitôt : accompagner les lecteurs et usagers vers<br />
des savoirs construits, accompagner les recherches par un<br />
soutien documentaire et bibliographique, former les lecteurs<br />
à ces recherches… Sans doute faut-il que le métier des professionnels<br />
du livre évolue encore davantage qu’aujourd’hui vers<br />
une compétence tournée vers les contenus et la médiation de<br />
contenus. Dans l’espace de la bibliothèque les professionnels<br />
sont placés à l’interface des collections et des univers de<br />
façon à recevoir, accompagner le lecteur et le visiteur, faciliter<br />
les démarches, aider à la recherche.<br />
COMMENT CONCLURE ?<br />
Pour les usagers qui n’ont pas abandonné le chemin des bibliothèques,<br />
il apparaît clairement que s’ils continuent à utiliser<br />
les équipements du livre, ce n’est plus tout à fait en tant que<br />
bibliothèques. Il y a là dorénavant un décalage très net, et qui<br />
s’accentue d’année en année, entre l’usage qui est fait de ces<br />
équipements et la définition qui est la leur. Nos bibliothèques<br />
ne sont-elles pas devenues par détournement et sans que nous<br />
nous en soyons vraiment aperçus autre chose que des bibliothèques<br />
? Mais quoi au fait ? Certainement des équipements<br />
qui répondent à des besoins d’intérêt général, mais lesquels ?<br />
Une réflexion de fond s’impose sur le statut de ces nouveaux<br />
équipements intermédiaires que les usagers s’approprient<br />
et formatent autant qu’ils le peuvent à leur usage à<br />
partir de ceux qui existent. Et pour les autres, les usagers du<br />
dehors, ceux qui ne fréquentent pas ou plus, qu’appellentils<br />
de leur vœux ? Des bibliothèques ? En sommes-nous certains<br />
? Il est sans doute temps d’y réfléchir. ■<br />
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PIERRE FRANQUEVILLE Vers une bibliothèque d’univers 19