Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
DOSSIER<br />
de vouloir créer du lien avec les lecteurs au moment de l’inscription,<br />
par exemple, de part et d’autre d’une banque de prêt.<br />
C’est pourquoi, en Suède et dans d’autres pays, les banques<br />
disparaissent au profit de tables de convivialité ; certaines<br />
bibliothèques, comme la médiathèque de Malmö, invitent<br />
les lecteurs à choisir eux-mêmes la distance relationnelle qui<br />
leur convient dans leur interaction avec le personnel : dans le<br />
hall d’accueil où ils sont mobiles, il n’y pas de zone affectée<br />
aux bibliothécaires (comme on peut le voir dans les espaces<br />
affectés à la banque de prêt), et le<br />
lieu d’inscription est un simple comptoir,<br />
support de l’ordinateur. Ce mode<br />
opératoire a été adopté également<br />
dans les boutiques France Télécom.<br />
Les relations entre bibliothécaire<br />
et lecteur oscillent souvent entre<br />
relation sociale et relation personnelle.<br />
Chacun a pu en faire l’expérience<br />
: il suffit de quitter la banque<br />
de prêt pour accompagner le lecteur<br />
en rayon et, insensiblement, la<br />
relation change et se personnalise :<br />
le lecteur se met à vous parler de<br />
ses lectures, de ses recherches ou<br />
d’autres sujets qui le préoccupent.<br />
• dans la distance publique,<br />
l’autre est un symbole ; celle-ci permet<br />
une information publique destinée à être entendue par<br />
de nombreuses personnes. C’est la distance qui sépare le professeur<br />
des étudiants, celle qui a cours en réunion publique,<br />
en conférence de presse, en meeting… En fait, dès qu’une personne<br />
joue un rôle, dès qu’elle adopte un masque social, elle<br />
préfère tenir les autres à distance. Ainsi le regard ne dévisage<br />
plus, l’information est appauvrie, la communication est ramenée<br />
au discours rationnel. La relation a moins d’implication,<br />
est plus contrôlable.<br />
Plus on s’éloigne et plus les gestes deviennent stylisés,<br />
plus symboliques tandis que le contenu du message est<br />
valorisé et se formalise. C’est la distance que peuvent avoir<br />
à gérer des bibliothécaires en amphithéâtre, quand ils assument<br />
la formation des utilisateurs, dans le cadre d’un cursus<br />
universitaire par ex. : ce n’est ni leur nom ni leur personne<br />
qui importe, mais leur statut et le contenu à transmettre.<br />
Comprendre les règles de la proxémique permet de gérer<br />
au mieux de nombreuses relations professionnelles et de<br />
diminuer une source importante de conflits. Ces règles se<br />
combinent avec celles de la structuration du temps, empruntées<br />
à l’analyse transactionnelle.<br />
LES SIX MANIÈRES DE STRUCTURER SON TEMPS<br />
DANS LA RELATION À L’AUTRE<br />
Toute personne est quotidiennement confrontée à la nécessité<br />
de structurer son temps dans la relation à l’autre : « De<br />
quelle manière vais-je être en relation avec cette personne, de<br />
façon satisfaisante pour moi et sans risque ? » Pour structurer<br />
son temps, chacun dispose de six degrés d’intensité et, plus<br />
l’on descend dans la structuration du temps, plus le risque<br />
relationnel est fort mais aussi plus la<br />
relation est susceptible d’être riche.<br />
• Le retrait ; la personne est<br />
présente physiquement, mais intellectuellement<br />
absente. Dans ses<br />
réflexions, elle est coupée du monde<br />
environnant auquel elle peut toutefois<br />
revenir rapidement sur une<br />
simple incitation. Au cours d’une<br />
réunion, par exemple, il peut arriver<br />
que l’on se demande : « Voyons,<br />
est-ce que j’ai bien pensé à nourrir le<br />
chat ce matin ? » C’est une manière<br />
de se ressourcer, parfois nécessaire,<br />
en particulier pour les personnalités<br />
de type « rêveur ».<br />
• Le rituel ; après le retrait, où<br />
chacun est dans sa bulle, le rituel est<br />
la manière socialement codée, prévisible<br />
et sans danger d’entrer en relation avec l’autre. Il est le<br />
plus petit dénominateur commun de la relation : « Bonjour,<br />
ça va ? – Oui, merci, et toi ? » Par mon salut (un sourire, un<br />
bonjour, une poignée de main, la bise…), je prends acte de<br />
la présence de l’autre dans mon univers et le lui signifie. Ces<br />
échanges sont stéréotypés et répondent à des normes culturelles<br />
codées. Essayez donc un matin, pour voir, de dire bonjour<br />
à votre supérieur hiérarchique d’une manière inusitée :<br />
une bise au lieu d’un salut discret de la main, ou l’inverse…<br />
Vous verrez ce que vous allez déclencher !<br />
• Le passe-temps ; c’est une manière de passer le temps<br />
avec les autres, de partager un temps commun et de faire partie<br />
d’un groupe. Les échanges ont peu d’implication et n’ont pas<br />
pour but de faire avancer le débat. Il s’agit simplement de dialoguer<br />
avec les autres, pour le plaisir d’être ensemble. Les sujets<br />
abordés sont stéréotypés et sans danger : si les Anglais sont<br />
réputés pour évoquer le temps qu’il fait, on peut aussi échanger<br />
de la même manière sur les maladies, les loisirs (dont la<br />
lecture), la cuisine, le bricolage, les soldes, le tricot, les voyages,<br />
l’éducation des enfants… Ces échanges permettent d’avoir une<br />
MARIELLE DE MIRIBEL L’intimité, l’espace et le temps 33