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DOSSIER<br />

XVIII e s. ou le fumoir du XIX e s. Aujourd’hui, l’usage de ce nouvel<br />

outil implique une certaine régulation de son usage dans<br />

les espaces publics. Il doit être éteint en avion au moment du<br />

décollage pour des raisons de sécurité et dans les salles de<br />

théâtre et de concert pour des raisons évidentes de civilité… et<br />

de législation (art. L33-3 du Code des postes et des communications<br />

électroniques). Dans le train, son usage est limité aux<br />

plateformes entre les wagons. Les bibliothèques commencent<br />

à s’inspirer de ces espaces réservés. Le téléphone n’est plus<br />

banni du moment que ses usages sonores sont circonscrits<br />

dans un espace dédié.<br />

À la BU située sur le campus de Belle-Beille à Angers,<br />

pour faire face aux problèmes de bruit causés par l’existence<br />

d’un corridor sonore qui longe les salles de lecture ouvertes,<br />

des « zones » ont été réservées aux activités silencieuses de<br />

lecture et d’étude comme les zones « calme » ou « silence »,<br />

d’autres ont été consacrées aux activités sonores de travail<br />

en groupe, discussions et téléphonie vocale comme les<br />

zones « libre » ou « com’ ». Elles sont identifiées par des pictogrammes<br />

4 . On retrouve le même phénomène dans d’autres<br />

bibliothèques qui ont choisi d’intégrer cette évolution des<br />

comportements.<br />

Parmi ces bibliothèques qui ont travaillé sur les espaces<br />

en fonction du volume sonore figure la BU Robert de Sorbon<br />

à Reims qui autorise un lieu de rendez-vous et de travail en<br />

groupe dans le kiosque à presse – toutefois les conversations<br />

téléphoniques se déroulent à l’extérieur : le kiosque reste une<br />

« zone de calme ». Dans le cadre du projet de construction<br />

de la Bibliothèque centrale de l’université Paris-Est – Marnela-Vallée,<br />

il est prévu d'aménager un espace de détente<br />

sur chaque niveau des espaces de consultation, nommé<br />

aujourd’hui « téléphonoir ». Il s’agit d’aménager dans ce lieu,<br />

situé entre une salle de travail en groupe et le local dédié aux<br />

photocopieurs, un espace de détente où il sera confortable de<br />

téléphoner tout en étant, pourquoi pas, entouré de livres mis<br />

en espace de telle sorte que le caractère « livresque » du lieu<br />

permette aux étudiants de se sentir à la fois en bibliothèque<br />

et dans un espace d’intimité et de confidentialité.<br />

Au-delà du développement des espaces « sonores » de<br />

détente, de travail en groupe ou de téléphonie orale, le développement<br />

du téléphone portable a fait naître une volonté<br />

d’utiliser ses canaux au lieu de les rejeter. C’est cette fois l’espace<br />

public qui cherche à s’immiscer dans la sphère privée.<br />

Observons comment les bibliothèques renversent la situation<br />

et cherchent à faire entrer sur le portable de leurs usagers aussi<br />

bien leurs services classiques que des envois personnalisés.<br />

4. Cf. http://bu.univ-angers.fr/blog/?p=1341.<br />

EFFET RETOUR : LES SERVICES PERSONNALISÉS<br />

EN BIBLIOTHÈQUE<br />

Les téléphones portables et les smartphones en particulier<br />

sont un enjeu pour les bibliothèques : toujours à portée de<br />

main de l’usager, ils forment un moyen très rapide et efficace<br />

de communication autour des services de nos établissements.<br />

Dans le cadre des services aux usagers, les bibliothèques<br />

ont mis en place des procédures de dématérialisation, comme<br />

le remplacement progressif de la lettre de rappel par un courrier<br />

électronique. Certains professionnels se posent la question<br />

du SMS de rappel. Le procédé est-il trop intrusif pour la<br />

vie privée ? Tout dépend du degré de liberté de choix laissé à<br />

l’usager, qui doit pouvoir préciser s’il accepte que la bibliothèque<br />

utilise son numéro personnel pour lui adresser des<br />

informations par SMS.<br />

Il est intéressant d’observer que la dématérialisation des<br />

échanges modifie le langage et rapproche l’institution de ses<br />

usagers. En créant un effet de proximité, un langage moins<br />

formel peut aider à fidéliser les usagers sensibles à ce mode<br />

de communication. Mais ce n’est peut-être pas pour autant<br />

qu’il s’agit de passer outrancièrement à un langage familier ou<br />

au fameux langage « texto », propre aux SMS et au microblogging,<br />

rapide, condensé et qui se joue des codes de la langue,<br />

de l’orthographe et de la syntaxe 5 .<br />

Un autre service à envisager est celui du push d’information<br />

ciblée. L’expérience montre que la démocratisation des<br />

flux n’est pas telle qu’elle entraîne une personnalisation de la<br />

bibliothèque pour l’usager. En revanche, la possibilité de se<br />

faire envoyer un SMS de veille sur les dernières acquisitions<br />

de la bibliothèque, ciblé selon les critères de thématique, de<br />

langue et de niveau choisis au préalable par le lecteur, peut<br />

intéresser les usagers. De même, on pourrait imaginer que<br />

les BM ou les BU d’une même agglomération parviennent<br />

à se coordonner pour mettre à la disposition de leur public<br />

commun une application l’informant en temps réel du taux<br />

d’occupation des bibliothèques concernées.<br />

Nombre d’autres applications de nos services pour une<br />

navigation sur téléphone portable seraient envisageables :<br />

services de questions-réponses, estimation du temps d’attente<br />

pour accéder à une bibliothèque, informations culturelles,<br />

etc. Mais ceci est une autre histoire… et détendonsnous<br />

quand un lecteur sort son téléphone de sa poche !<br />

Peut-être va-t-il simplement regarder l’heure ? ■<br />

5. Cf. Cédric Flairon, Jean-René Klein et Sébastien Paumier, « Le langage SMS,<br />

étude d’un corpus informatisé à partir de l’enquête “Faites don de vos SMS à<br />

la science” ».<br />

ÉMILIE BETTEGA et CÉCILE SWIATEK L’espace public de la bibliothèque à l’épreuve du téléphone portable 43

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